Emmanuel-Joseph Sieyès est né en 1748. En 1774, il devient prêtre, mais sans vocation. Il occupe plusieurs postes d’importance, mais devient véritablement célèbre en 1788, en publiant l’Essai sur les privilèges, puis surtout le pamphlet Qu’est-ce que le Tiers état ? en 1789.
Ce dernier ouvrage a un succès retentissant, et reste largement commenté jusqu’à aujourd’hui. L’abbé Sieyès joue un rôle profond à cette date dans la Révolution française, notamment lors de la convocation des Etats Généraux le 5 mai 1789, où il est envoyé.
Que dit l’abbé Sieyès dans Qu’est-ce que le Tiers état ?
L’abbé Sieyès donne lui-même le plan de son ouvrage en trois formules marquantes :
1° Qu’est-ce que le Tiers état? — TOUT.
2° Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? —RIEN.
3° Que demande-t-il? — À ÊTRE QUELQUE CHOSE.Emmanuel-Joseph Sieyès, Qu’est-ce que le Tiers état ?
L’objectif de Sieyès est de montrer toute l’importance du peuple dans le royaume. Le peuple accomplit en effet selon Sieyès toutes les tâches du royaume, et les plus pénibles. Sieyès s’étonne alors que le peuple ne se rebelle pas contre les privilégiés, qui conservent sans être troublé leurs avantages. Il est ainsi facile de mesurer la portée contestataire de ce pamphlet, et de comprendre le rôle qu’a pu jouer Sieyès dans la Révolution française.
Résumé du 1er Chapitre – Qu’est-ce que le Tiers état? — TOUT.
Sieyès désire tout d’abord montrer que le Tiers état, c’est-à-dire les hommes sans privilège, est le seul à être utile au royaume.
Sieyès pour cela commence par distinguer les travaux particuliers des travaux publiques.
Les travaux particuliers sont de 4 classes :
- travaux de la campagne
- travaux qui ajoutent une valeur seconde
- marchands et négociants
- soins à la personne
Ces 4 classes relèvent pour Sieyès toutes de l’activité du Tiers état.
Les travaux et fonctions publiques sont également de 4 sortes :
- Epée
- Robe
- Eglise
- Administration
Pour Sieyès, même ces fonctions sont assurées par le Tiers état, selon une proportion de 19/20e. En outre, le vingtième restant des activités sont les tâches les moins pénibles, le Tiers état assurant les plus pénibles.
L’ordre noble est étranger à la nation de 3 manières :
- par sa fainéantise
- par ses prérogatives civiles et politiques
- dans son principe (il ne vient pas du peuple) et dans son objet (il vise l’intérêt particulier au lieu de l’intérêt général)
Or la nation, c’est le Tiers état.
Résumé du second chapitre – Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? —RIEN.
L’abbé Sieyès définit le Tiers état comme l’ensemble des citoyens qui appartiennent à l’ordre commun. En sont exclus les privilégiés.
Or jusqu’alors, les représentants du Tiers état recevaient des privilèges. Ceci n’est pas acceptable pour Sieyès, les représentants n’étant plus issus du Tiers état.
Pour autant, Sieyès ne préconise pas un nivellement par le bas. Au contraire, il s’agit d’étendre les privilèges accordés aux représentants à l’ensemble du Tiers état.
Par ailleurs, on parle alors en France de trois aristocraties :
- L’aristocratie d’Église
- L’aristocratie d’Épée
- L’aristocratie de Robe
Loin de réfuter cette classification, Sieyès l’approuve et la généralise même à tout le régime. Depuis ses débuts, le Royaume de France est une aristocratie dans son ensemble, hormis quelques moments où il fut même despotique, notamment à l’occasion du règne de Louis XIV. C’est la cour qui règne, c’est la cour qui fait et défaits les hommes au pouvoir, c’est la cour qui est la tête de l’aristocratie en France.
L’abbé Sieyès résume lui-même ses propos, qui annoncent explicitement le caractère subversif voire révolutionnaire de ses constats :
Résumons : le Tiers état n’a pas eu jusqu’à présent de vrais représentants aux États généraux. Ainsi ses droits politiques sont nuls.
Emmanuel-Joseph Sieyès, Qu’est-ce que le Tiers état ?, chapitre 2
→ 5 livres sur la démocratie (bibliographie)