Sujets Sciences Po Grenoble 2019
Ouvrage :
«Ce n’était pas «le rôle d’une femme d’aller travailler en usine»» : à quoi renvoie cette perception ? (/ 3 points)
A quoi fait référence Didier Eribon en affirmant qu’ «on éprouve dans sa chair l’appartenance de classe lorsqu’on est enfant d’ouvrier» ? (/ 3 points)
À partir de l’ouvrage de Didier Eribon et de vos connaissances personnelles, vous traiterez du sujet suivant :
Si ce que nous sommes se situe à l’intersection (…) de plusieurs «identités», faut-il «choisir entre différents combats menés contre différentes modalités de la domination?» (D. Eribon, p. 245)
Anglais :
L’article – sujet 2019 Sciences Po Grenoble en anglais était le suivant : https://www.economist.com/britain/2019/02/16/should-the-government-determine-what-counts-as-quality-journalism
« Should the government determine what counts as quality journalism?
Or should the job be left to private companies? »
Nos sujets blancs 2019
Un petit rappel utile : nous vous proposons des sujets blancs pour tous les concours Sciences Po.
Et cette année encore, le sujet de dissertation que nous vous proposions (Le devoir blanc n°1) était assez proche :
À partir de l’ouvrage de Didier Eribon et de vos connaissances personnelles, vous traiterez du sujet suivant :
La « domination sociale » depuis le XXe siècle.
Tandis que le sujet d’anglais, nous vous l’avions proposé : exactement le même article, en sujet blanc… mais malheureusement… nous ne l’avions proposé que pour ceux qui passaient le concours Sciences Po Paris. Notre sujet d’essay était plutôt proche également : To what extent can government interfere in journalism?
Donc n’hésitez pas, pour les prochaines fois, à nous solliciter pour des sujets blancs. Même si le sujet exact ne tombe pas le jour J, cela reste un bon entraînement d’autant que nous le corrigerons et vous donnerons des conseils adaptés à votre situation.
Corrigés Sciences Po Grenoble 2019
1. «Ce n’était pas «le rôle d’une femme d’aller travailler en usine»» : à quoi renvoie cette perception ? (/ 3 points)
«Mon père eut beau ressasser que ce n’était pas «le rôle d’une femme d’aller travailler en usine», se sentir atteint dans son honneur masculin de n’être pas en mesure de subvenir seul aux besoins de son foyer, il lui fallut se résigner et accepter que ma mère devienne «ouvrière», avec tout ce que ce mot charriait de connotations péjoratives : des femmes «délurées» qui parlent « cru», et peut-être même couchent «à droite et à gauche», bref, des «traînées»… Cette représentation bourgeoise de la femme du peuple qui travailler hors de chez elle et dans les lieux où elle côtoie des ouvriers était largement partagée par les hommes de la classe ouvrière, qui n’aimaient guère perdre le contrôle de leurs conjointes ou compagnes pendant plusieurs heures chaque jour et qu’effrayait par-dessus tout le spectre honni de la femme émancipée.»
2. A quoi fait référence Didier Eribon en affirmant qu’ «on éprouve dans sa chair l’appartenance de classe lorsqu’on est enfant d’ouvrier» ? (/ 3 points)
On éprouve donc dans sa chair l’appartenance de classe lorsqu’on est enfant d’ouvrier. Quand j’écrivais mon livre sur la révolution conservatrice, je pris à la bibliothèque quelques volumes de Raymond Aron (…) p. 100 Retour à Reims de Didier Eribon.
L’explication suivante est également pertinente pour aider à répondre à la question, surtout le tout début :
Quand l’« absence du sentiment d’appartenir à une classe sociale caractérise les enfances bourgeoises » (p. 101). Le poids de l’habitus est tel que le jeune Didier incorpore « les hiérarchies du monde social » (p. 72), se percevant comme différent des privilégiés par ses habitudes de vie au quotidien. D’ où, comme l’ indique Annie Ernaux dans sa récente contribution au volume collectif Bourdieu et la littérature, le « devoir impérieux de revenir au premier monde social, aux corps d’origine et d’en faire œuvre ». Transformant le concept bourdieusien de « contrainte par corps » en « preuve par corps », elle rend compte de la « vérité sensible », de l’« émotion rationnelle » faite « de reconnaissance et de connaissance » qui s’impose à un moment donné comme une évidence : « La preuve par corps, c’est cela, la ratification de la théorie par la mémoire la plus enfouie et la plus douloureuse14. » Cette perspective nous met à même de mieux saisir en quoi est anti-proustien le processus à l’œuvre chez Annie Ernaux et Didier Éribon : selon un réflexe post- traumatique d’ordre mémoriel et réflexif, ce qui est retrouvé n’est pas ce qui est « digne d’être retrouvé », mais au contraire l’indigne, c’est-à-dire tout ce qui avait été « enfoui comme honteux » (p. 243) ; il ne s’agit donc pas de retrouver le temps perdu dans toute son ampleur pour le transcender par l’œuvre, de subsumer le fugitif dans la création intemporelle, mais plus modestement de s’assumer par le travail scriptural, de convertir la honte en orgueil par la prise en charge de soi dans l’auto- analyse.
RETOUR À / RETOUR SUR… SOCIOGENÈSE D’UN PARADIGME HEURISTIQUE
Retour à Reims de Didier Éribon Fabrice Thumerel
Editions Kimé | « Tumultes »
Si ce que nous sommes se situe à l’intersection (…) de plusieurs «identités», faut-il «choisir entre différents combats menés contre différentes modalités de la domination?» (D. Eribon, p. 245)
Il serait bon en premier lieu de montrer quelles sont ces différentes modalités de la domination, dans quel domaine elles s’exercent (économie, politique, militaire, physique, genre, race, intellectuel / manuel, culture, religion, impérialiste, symbolique, ville / campagne, …)
En quoi elles ont changé au cours de l’histoire, des anciennes formes de domination aux nouvelles (esclavage, sexuelle, raciale, économique, militaire, culturelle, idéologique).
Max Weber définissait plusieurs types de domination :
La domination légale
La domination traditionnelle
La domination charismatique
Cela constituait une bonne accroche, que vous auriez pu lier à votre essai de définition des termes du sujet dès l’introduction.
L’autre terme fort était identité. Le dictionnaire de l’Académie française propose cette définition : «Caractère de ce qui ne fait qu’un ou ne constitue qu’une seule et même réalité, sous des manifestations, des formes ou des appellations diverses»
On pouvait alors apercevoir ce qu’il y a de paradoxal à parler d’intersection et de plusieurs identités. Identité se définit encore : «Caractère de ce qui, dans un être, reste identique, permanent, et fonde son individualité»
Dans le développement, tout l’enjeu était de rendre compte de ces luttes historiques contre les différentes modalités de domination, et d’examiner s’il est possible de freiner et lutter contre ces dominations arbitraires, rejetées comme un bloc ou une à une.
Pour le lier à l’ouvrage de Didier Eribon, vous aviez à parler notamment de deux formes de domination : lutte des classes et homosexualité / hétérosexualité.
Toutefois au cours de l’histoire les formes de domination ont été plus nombreuses.
>
ou est la correction d anglais ?