Qu’est-ce que le numérique ? par Milad Doueihi, en ligne ici, est une excellente introduction pour comprendre le concept de numérique.
le numérique par sa nature même opère des ruptures dans une continuité apparente, portant sur des valeurs, des objets et des pratiques culturelles, nous offrant ce qui semble de simples reprises ou de modestes modifications ou transpositions de formes ou de formats
C’est une révolution culturelle qui est en jeu avec l’avènement du numérique.
Information et numérique
3 périodes avec l’informatique :
- L’informatique, alors qu’elle était une simple branche des mathématiques, devient une science elle-même.
- L’informatique se transforme en industrie. (Comme a pu le faire la chimie auparavant)
- L’information devient une culture.
La troisième période est la plus importante en ce qui nous concerne, car c’est en cela qu’elle définit le numérique :
Et c’est bien cette spécificité culturelle, cette orientation sociale qui caractérise et en fin de compte définit en quelque sorte le numérique
Élément clé : la notion de partage. C’est d’ailleurs à cause du partage que le numérique entre en crise pour la première fois.
Le numérique en vient à toucher tous les domaines des sociétés occidentales :
- l’éthique
- l’écologie
- la législation / le juridique
- l’économique
- la politique
- l’histoire
- etc.
Le code
La technique, l’informatique, dans sa production et ses usages, constitue ainsi un corps, et ce corps forme, dans sa réalité sociale, le numérique
Une fois encore, culture et société distinguent le numérique.
La confiance sociale
L’informatique est la science de l’information et du discret, et le numérique, dans sa dimension socio-culturelle, modifie l’empirique, l’insérant dans une logique génétique qui façonne le passage de l’information à la trace et finalement aux données.
Un des symboles de ces traces et données s’incarne dans les moteurs de recommandation. La recommandation utilise des critères géographiques, sémantiques, sociaux, etc. pour anticiper les intentions et les volontés. C’est alors introduire le social, contre les algorithmes classiques et froids.
1ère définition approximative du numérique :
un écosystème dynamique animé par une normativité algorithmique et habité par des identités polyphoniques capables de produire des comportements contestataires.
La normativité algorithmique est froide – elle ne pense pas encore le social -, les identités polyphoniques sont chaudes – elles incorporent dès lors le social.
Transhumanismes
Alors que le transhumanisme veut améliorer l’individu et le libérer par l’informatique et la génétique – et non plus par l’éducation et la raison dans la lignée de Kant, Milad Doueihi propose de lui opposer un humanisme numérique.
Qu’est-ce donc alors que l’humanisme numérique ?
L’humanisme numérique est l’affirmation selon laquelle la technique actuelle, dans sa dimension globale, est une culture, dans le sens où elle met en place un nouveau contexte, à l’échelle mondiale. Une culture, car le numérique, et cela malgré une forte composante technique qu’il faut toujours interroger et sans cesse surveiller (car elle est l’agent d’une volonté économique), est en train de devenir une civilisation qui se distingue par la manière dont elle modifie nos regards sur les objets, les relations et les valeurs, et qui se caractérise par les nouvelles perspectives qu’elle introduit dans le champ de l’activité humaine.