La manière de manger est une construction culturelle, selon le sociologue Claude Fischler dans son livre L’Homnivore. L’ethnologie, qui étudie les pratiques alimentaires des différentes sociétés humaines, a démontré que la consommation alimentaire est un fait social régi par les coutumes et les traditions.
Cette régulation ne se limite pas aux techniques de cuisson et aux manières de table, mais également aux préférences gustatives. Bien que tous les nourrissons soient naturellement capables de distinguer les quatre saveurs de base (sucré, salé, acide, amer) et d’être attirés par le sucré plutôt que l’amer, la mère et la famille vont favoriser certains goûts plutôt que d’autres. C’est donc la culture qui impose les normes de comestibilité, déterminant ce qui peut être mangé ou non.
On retrouve ainsi des tabous alimentaires présents dans toutes les sociétés, tels que l’interdiction de consommer du porc dans les pays musulmans ou la répulsion face à la consommation de grenouilles et de lapin chez les Anglais. De même, certains aliments considérés comme communs dans certains pays d’Asie choquent la conscience des consommateurs français.
L’obligation culturelle liée à l’alimentation se manifeste également à travers des rituels spécifiques. Par exemple, l’utilisation de la fourchette ou de baguettes pour manger, ainsi que l’habitude de servir de la dinde à Noël et du poisson le vendredi sont des exemples de rites alimentaires qui renforcent le sentiment d’appartenance à un groupe. En Inde, la pratique de manger avec les mains est un rituel culturellement significatif, où le toucher direct avec la nourriture est censé renforcer la connexion émotionnelle et physique avec le repas. Les cérémonies du thé au Japon, comme la cérémonie du thé matcha, sont des rituels profondément enracinés qui illustrent la valeur de l’harmonie, du respect et de la simplicité dans l’alimentation. Les repas de l’Aïd el-Fitr, célébrés à la fin du mois de jeûne du Ramadan dans l’islam, sont l’occasion pour les musulmans de partager des plats festifs et de manifester leur gratitude envers Allah.
En conclusion, manger est un comportement socialisateur qui permet de renforcer les liens sociaux et d’affirmer son identité culturelle. La manière de manger est donc influencée par les normes et les traditions propres à chaque société, ce qui souligne l’importance des facteurs culturels dans les pratiques alimentaires.
→ Culture générale : l’Alimentation
→ Culture générale : le Corps