Mai 68 fut un des événements les plus importants de la Ve République. Pourquoi Mai 68 fut-il aussi déterminant dans l’évolution de la société ?
Ce cours sur Mai 68 vous permettra de mieux comprendre les enjeux de cette crise, grâce à l’étude successive des points suivants :
- Origine de Mai 68 : la révolution étudiante
- Le prolongement par la crise des ouvriers
- La généralisation de la crise
- Contre Mai 68, les forces de l’ordre et le gouvernement réagissent
- Conséquences de Mai 68
- Slogans de Mai 68
Si vous préférez un bref résumé, reportez-vous plutôt à la fiche :
→ La France guidée par le général de Gaulle (1944-1969)
Pourquoi Mai 68 : la révolution étudiante
I. Les germes des événements de Mai 68
Les années 1960 sont tout d’abord marquées par une explosion universitaire. En 1967, ils sont plus de 500 000 étudiants, soit 2,5 fois plus qu’il y a 7 ans.
Le 2 mai, l’université de Nanterre est fermée. Les étudiants qui y protestaient décident donc de se retrouver à la Sorbonne.
Le 3 mai 1968, la cour de la Sorbonne est occupée par plus de 400 manifestants. L’évacuation de force des policiers, normalement interdite en milieu universitaire, provoque l’escalade.
Le Premier Ministre Pompidou est parti le 2 mai, et ne revient que le 11 mai. Il prend alors des mesures d’apaisement, décide la réouverture de la Sorbonne et la libération des manifestants enfermés. Mais désormais les étudiants demandent bien plus, et bien autre chose que ces simples mesures.
1. Mouvements et syndicats étudiants
L’UNEF (Union Nationale des Etudiants de France) a perdu de importance entre 1960 et 1965. De 100 000 membres en 1960, ils ne sont plus que 30 000 à 50 000 membres en 1965. La proportion passe d’un étudiant sur 2 en 1960 à seulement un étudiant sur 10 en 1965. De plus, l’UNEF est privée de subvention publique en 1964.
L’Etat lui préfère la Fédération nationale des étudiants de France (FNEF), issue d’une scission avec l’UNEF en 1962, plus proche du gouvernement gaulliste.
Le Mouvement du 22 mars réunit ainsi plusieurs courants : la mouvance Jeunesses communistes révolutionnaires, les anarchistes libertaires, les pro-situationnistes*, des énervés et des inorganisés, ces derniers représentant la moitié des 142 occupants.
Il faut comprendre que la faculté de Nanterre, où commencent ces événements, est située en périphérie de Paris, où il n’y a aucun magasin ou quasi aucune activité : pas de cinéma, pas de restauration, etc. Le seul lieu où se retrouvent les étudiants est la cafétéria.
* L’internationale situationniste, IS : ce mouvement naît en 1957, après la critique des formes artistiques de l’époque. L’internationale situationniste gagne ensuite le champ politique, et remet en cause le capitalisme, la bureaucratie. Deux ouvrages majeurs, parus en 1967, marquent cette pensée : Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, de Raoul Vaneigem, et Société du spectacle de Guy Debord.
2. Les symboles révolutionnaires des années 60
A cette époque, c’est-à-dire au début des années 60, l’anticolonialisme marque les esprits, notamment des étudiants. Cet anticolonialisme se transforme en anti-impérialisme.
La guerre du Vietnam est l’occasion de protester contre cet impérialisme. C’est aussi l’époque de l’émergence de figures internationales, symboliques de l’engagement révolutionnaire et de nouvelles idéologies : Hô Chi Minh, Fidel Castro, Che Guevara.
3. Le malaise des étudiants de l’époque
Le PCF et la CGT sont critiqués par trois mouvances : les groupes d’extrême gauche, les situationnistes, les maoïstes.
Le pamphlet De la misère en milieu étudiant, écrit en 1966, par des membres de l’Internationale situationniste joue un rôle dans l’agitation politique de ces années.
Les rapports hommes-femmes commencent à peine à devenir un enjeu politique, à devenir une question pour la société.
Selon l’expression de l’époque, un « malaise étudiant » s’installe. Il est aussi en partie dû à la réforme des universités. Les étudiants sont à cheval entre deux lois, deux systèmes universitaires : une loi jusqu’alors sélective, et une loi de démocratisation. C’est l’accès à l’université qui est en question.
Les adolescents de l’époque s’identifient dans de nouveaux modèles de jeunesse. L’émission Salut les copains, le film Pierrot le fou réalisé par Godard en sont des exemples.
II. L’éclatement de la crise étudiante
1. Les manifestations, la 1ère nuit des barricades
Au cours des mois de mai et juin 1968, près de 1100 manifestations ont lieu, en seulement 43 jours.
Les modalités de manifestations sont fortement variées selon les groupes, et selon les conditions géographiques.
La 1ère nuit des barricades est la nuit qui suit la manifestation du 10 mai. Cette manifestation avait été appelée par l’UNEF et le Mouvement du 22 mars.
Des barricades sont construites rue Gay-Lussac, mais sans avoir été commandée par les organisateurs de la manifestation. En fait, les cadres organisationnels ne maîtrisent pas les événements.
Ces derniers sont relayés par les médias, en particulier les voitures radio d’Europe 1 et RTL, contribuant à la dramatisation du conflit, et à en faire un enjeu national.
Les répressions contre ce mouvement ont lieu jusqu’à 5h30 du matin. Une solidarité se crée alors entre les manifestants, l’opinion publique, et les syndicats ouvriers.
La radicalisation du mouvement semble porter ses fruits, puisque George Pompidou, premier ministre, cède aux 3 revendications des manifestants.
2. Les occupations et les comités d’action
Les occupations de locaux par les manifestants commencent le 11 mai 1968 au centre Censier. C’est au tour de la Sorbonne le 13 mai d’être occupée, lorsqu’elle est réouverte. A la Sorbonne, le comité d’occupation qui a pris le contrôle des lieux est l’objet de luttes d’influences, parmi les différents acteurs du mouvement.
Les comités d’action sont des groupes improvisés, par opposition à la bureaucratie. Ils sont particulièrement nombreux au cours de Mai 68. Les principes défendus sont parfois d’inspiration anarchiste ou marxiste. Leur combat est antiautoritaire, pour une démocratie directe, contre la hiérarchie et les institutions.
La question devant la multiplicité de ces comités d’action est celle de la coordination. Faut-il une coordination des comités d’action ? Le Mouvement d’Action Universitaire, MAU, qui fait partie des premiers comités d’action du « 3 mai » est pour une coordination, qu’ils essaient de mettre en oeuvre dès le 5 mai. Le Mouvement du 22 mars y est quant à lui opposé. Il ne veut pas créer de nouveau une coordination par le haut.
3. Pourquoi les manifestations ?
Les revendications des manifestants concernent presque tous les domaines :
- Dénoncer la violence de l’Etat qui les réprimande
- Inventer une université critique et populaire
- Essayer de joindre le mouvement ouvrier, les professionnels en grève, et les étudiants
- Supprimer la bureaucratie et les systèmes hiérarchiques
- Dénoncer les manoeuvres politiques et syndicales
- Critiquer le capitalisme, la société de consommation et de spectacle, l’aliénation et l’exploitation
- Libérer la créativité : c’est un thème déjà avant mai 68, avec les surréalistes, et qui trouve un prolongement dans la commission Culture et créativité du Mouvement du 22 mars.
- Renouveler les formes d’éducation
- Supprimer les cadres sociaux bourgeois
Le prolongement par la crise des ouvriers
Il y eut en mai et juin 1968 plus de 7 millions de grévistes. Pourtant, ce qui est une des plus importantes manifestations du siècle n’a pas eu une place proportionnelle dans les mémoires.
I. La continuité par la révolution
1. Mouvement spontané ?
Face à la répression policière de la 1ère nuit des barricades du 10 au 11 mai, les ouvriers avancent la grève qu’ils avaient prévue au 13 mai. C’est un succès : 1 millions de grévistes sont revendiqués par les organisateurs (contre 200 000 pour la préfecture de police), la protestation gagne les milieux professionnels.
Le déclenchement de ces grèves a pu emprunté trois voies :
Soit la grève s’est faite à l’appel du syndicat, soit elle s’est faite spontanément mais en faveur des syndicats, soit la grève a été spontanée mais aussi anti-syndicale, ce qui représente un cas mineur.
Les actions dont on se souvient sont celles des occupations d’usines. Pourtant ce phénomène n’est ni nouveau, ni majoritaire en mai 68.
2. Négociations de Grenelle
Les revendications furent aussi diverses qu’il y avait de sites de mobilisation. C’est pourquoi, pour traiter la question au niveau national, il fallut un travail de nationalisation de ces revendications.
La radicalisation de la crise a lieu le 22, lors de la reprise des manifestations par les étudiants. Le 24 mai a lieu la 2e nuit des barricades. Le 25 mai, le Premier Ministre Pompidou ouvre les négociations au ministère des Affaires sociales, rue de Grenelle. Le choix du ministère n’est pas anodin, il s’agit de montrer que les enjeux sont sociaux et non politiques, et ainsi ne pas rappeler les manifestations de 1936.
Plusieurs mesures sont prises, comme le relèvement du SMIG de 35%, la hausse générale des salaires de 10%, en deux temps, et des mesures en faveur de la représentation générale. Cependant, les grévistes refusent ces conclusions lorsqu’elles leur sont présentées le 27 mai.
II. La pluralité des situations d’usine
1. Les particularités de chaque situation
Pour une part des grèves, il s’agissait en fait de profiter du mécontentement général, de la conjecture nationale, pour obtenir ce qu’ils n’avaient pu obtenir lors des précédents conflits. De fait, les situations locales sont relativement indépendantes les unes des autres.
Cette opposition entre le mouvement général et les particularités de chaque situation se retrouve aussi aux niveaux municipaux, départementaux, et même régionaux.
Les particularités se retrouvent même d’une usine à l’autre au sein d’une même firme. L’usine Billancourt de Renault est un bon exemple en ce sens. Selon la région, les usines n’ont pas les mêmes revendications.
Cependant, en ce qui concerne les usines du secteur automobile, les manifestations suivent aussi le rythme de mai et juin 1968, elles sont au coeur en effet des stratégies des acteurs nationaux.
2. Les ouvriers se radicalisent
La radicalité ouvrière peut être découverte au prisme des grèves qui ont eu lieu dans les sites de Peugeot-Sochaux et Citroën-Javel.
Lors de la reprise des activités après la guerre, dans le cas de Peugeot-Sochaux, de nombreuses formes de violences et de brutalités sont recensées que ce soit contre les grévistes ou les non-grévistes.
Cependant dans ces usines une majorité de travailleurs n’a pas participé. Ils représentent pourtant une part importante des travailleurs, et par conséquent leur comportement est difficilement prévisible. C’est une population qui a suivi de loin les événements, liée à davantage d’autonomie dans leur profession et à une moindre « usinisation » selon l’expression de Bourdieu : les recrutements massifs opérés ont pour conséquence une moindre adhésion des recrutés.
Les nouveaux ouvriers, et les jeunes ouvriers fragilisent l’autorité des responsables, et sont plus sensibles à la radicalisation politique.
3. Les cloisons entre les groupes sociaux
Il n’y a pas de superposition entre les ouvriers et les syndicats. Sur le site Renault-Flins, tout est fait pour éviter la vitalité syndicale.
Mai 68 se caractérise aussi par la mobilisation de foyers improbables : des foyers conservateurs, mais aussi des foyers peu industrialisés.
Les nouveaux acteurs de ces événements sont les OS : ouvriers spécialisés, et les immigrés. Les femmes ouvriers ont aussi un rôle en mai et juin 1968.
L’article de George Marchais pour L’Humanité, daté du 3 mai, a accrédité l’idée d’un rendrez-vous manqué entre les étudiants et les ouvriers, c’est-à-dire qu’ils n’auraient pas su unir leur force. Cela est pourtant faux à une échelle plus fine, davantage locale, où on observe que la rencontre a bien eu lieu.
Mai 68 a aussi pour effet d’accélérer le desserrement des cloisons sociales.
L’insubordination des nouveaux ouvriers, des jeunes ouvriers, est liée à une double évolution : la mutation antérieure du scolaire, et la transformation du recrutement ouvrier induite par la décentralisation industrielle.
La généralisation de la crise – Résumé Mai 68
La critique émanant de Mai 68 porte à la fois un esprit anti-autoritaire, et proteste contre la division verticale du travail ainsi que la division sociale horizontale.
I. Les professions artistiques
Les écrivains sont à l’avant-garde. Les hiérarchies y sont bousculées.
Concernant les architectes, l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts est un haut lieu de la contestation. Le décret Malraux le 6 décembre 1968 met fin à l’école unique parisienne qui contrôlait les écoles régionales.
L’occupation du théâtre de l’Odéon a lieu le 15 mai 1968, qui demeurait pourtant un symbole intouchable. Le lien entre théâtre et politique est repensé, les lieux servent la cause politique, et une remise en cause est faite des fondements de la décentralisation culturelle. La Déclaration de Villeurbanne s’insurge contre l’illusion et la mystification de la démocratisation culturelle : illusion parce qu’il subsiste un « non-public », et mystification parce que seuls les textes classiques y sont joués, ce qui contribue à la culture bourgeoise.
II. Les autorités et la religion
Les magistrats sont concernés par la critique et les crises de reproduction. Le syndicat de la magistrature est créé le 8 juin 1968. Il s’agit pour ce syndicat d’alerter sur les effets sociaux des projets de lois, tout en tissant des liens avec les centrales ouvrières. Sont véhiculées des idées contre la hiérarchie et la bureaucratie. C’est aussi dans ces corps de métiers la rencontre entre deux générations.
La contestation vise de même la répartition hiérarchisée du savoir médical et la division sociale du travail sanitaire, représentée par l’opposition entre infirmières-techniciens-auxiliaires et médecins savants. Ces deux critiques sont menées par le Centre national des jeunes médecins, créé en 1964, et le Comité d’action de santé.
La critique porte également sur la structure sanitaire : la population ne serait maintenue en état de travaille que pour produire et consommer.
Concernant la religion, les chrétiens ne participent que de manière limitée et mineure à mai 68. Toutefois, le poids des chrétiens engagés de mai 68 est plus important au sein même de l’Eglise. Jusqu’au 21 mai 68, il s’agit de justifier évangéliquement le devoir d’action. Le 21 mai 1968, un « appel aux chrétiens » est publié dans Témoignage chrétien, qui recueille la signature de nombreux protagonistes.
Les changements revendiqués par mai 68 sont portés davantage par les jeunes chrétiens contestataires et les jeunes séminaristes. Ceux-ci remettent en cause les liens hiérarchiques au sein de l’Eglise. L’évêque de Paris Mgr Marty a cette formule « Dieu n’est pas conservateur », qui compte tenu des implications qui peuvent en être tirées, fait parler en cette période. Le souffle nouveau de mai 68 est analysé alors dans la continuité de l’aggiornamento de Vatican II.
III. Le « rire de Mai » (expression de Pierre Bourdieu)
Mai 68 est l’occasion pour plusieurs catégories de personnes de faire entendre leur voix. C’est d’abord le cas de L’Union générale des aveugles et grands infirmes, et plus généralement des malades ; c’est ensuite le cas des immigrés. Michel de Certeau dit de Mai 68 : « on a pris la parole comme on a pris la Bastille en 1789 ».
Mai 68 est aussi un soulèvement général contre la finitude du monde social. Le mouvement met en cause plusieurs rapports : légitime/illégitime, normal/déviant, possible/impossible, gouvernants/gouvernés. Dans ce dernier rapport, c’est tous les rapports de domination qui se jouent aussi : responsables syndicaux/travailleurs, décideurs/exécutants, créateurs/consommateurs, etc.
Pour K. Ross, c’est une « fuite face aux déterminations imposées par la société ».
L’égalité est une valeur érigée contre l’autorité. Cette égalité transparaît dans le droit de parole accordé dans les comités d’action à chacun, dans la rencontre non-condescendante entre étudiants et ouvriers, dans les rapports des malades avec les personnes non-malades, des profanes avec les bons chrétiens.
Contre Mai 68, les forces de l’ordre et le gouvernement réagissent
I. Maintenir l’ordre
Avant Mai 68, les forces de l’ordre ont été pourvus de nouveaux armements dans le contexte de la répression contre les communistes dans les années 50, puis contre l’OAS au début des années 60. La sauvagerie policière risque de raviver le souvenir du drame du métro Charonne.
Pourtant, la violence policière est relative, même faible en comparaison de ce qui se passait lors de la guerre d’Algérie : l’objectif est la mise à distance, l’évitement du corps à corps.
Les dérapages qui ont pu avoir lieu ne sont jamais le résultat de consignes, d’une intention coordonnées, mais des relâchements par rapport aux liens hiérarchiques de la part des policiers.
Il est difficile alors de contrôler la multiplicité des forces sur le terrain, qui sont composés de plusieurs corps de l’Etat, et pas seulement de la police. Le gouvernement fait même semblant lors de mai 68 d’envisager l’intervention de l’armée.
Le flou au sommet de l’Etat n’aide pas à la résolution du conflit et à l’action des forces. Deux stratégies s’opposent : celle de Pompidou, premier ministre, qui est favorable à une dépolitisation du conflit, pacifique. Et celle du général De Gaulle, qui voudrait politiser la crise et en sortir par la mise en valeur du charisme de la personne présidentielle.
Ce n’est pas tant ce flou qui complique le contrôle des manifestations, mais surtout sa publicité, c’est-à-dire lorsque le public prend conscience de ces divergences au plus haut de l’Etat. Le préfet de police note un peu ne recevoir que très peu voire aucune consigne consigne entre le 2 et le 11 mai.
II. Les soutiens
Des soutiens s’organisent aussi en faveur du gouvernement.
L’extrême droite organise des défilés et des meetings à Paris.
Les Comités de défense de la République, créés à l’occasion, veulent soutenir l’action présidentielle, tandis que la contre-révolution se réunit aussi autour du gaulliste Jacques Baumel.
Il faut aussi compter la mobilisation de la FNEF, rivale de l’UNEF. Les intellectuels de droite s’engagent en faveur du gouvernement.
Ce dernier prépare une ligne de défense rhétorique, et fait des parallèles entre le mouvement de mai 68 et la mémoire de l’Occupation, ainsi qu’avec la guerre civile.
De Gaulle annonce le 30 mai dissoudre l’Assemblée nationale. Une grande manifestation s’organise le 30 mai 1968 : environ 400 000 personnes défilent à Paris. 83 autres manifestations ont lieu dans les autres départements en trois jours.
Les médias constituent un enjeu important de cette réaction. Le 23 mai, les radios périphériques sont privées du droit d’utiliser les fréquences qui leur avaient été attribuées.
A cette époque, la France compte 8 millions de postes de télévision. C’est dire l’importance de l’ORTF, qui couvre les événements de mai 68, mais de façon très partiale, en faveur du gouvernement.
C’est pour ces problèmes d’objectivité qu’une grève est organisée dans le personnel le 17 mai, et une autre des journalistes le 25 mai, qui échouent toutes deux au bout du compte.
III. La gauche
La FGDS, Fédération de la gauche démocrate et socialiste, regroupe à la fois la SFIO, le parti radical et la Convention des institutions républicaines. Or la FGDS est toujours en décalage lors de cette crise de mai 68. Il n’est d’aileurs pas rare qu’elle soit comptée comme un des auxiliaires bourgeois.
A cet égard, François Mitterrand, un an après les événements, analyse l’idéologie des étudiants leaders comme « du Poujade savant ».
Le SFIO se rapproche du légalisme, tandis que la CIR développe des liens intéressés avec le mouvement étudiant. Les rapports avec le PCF sont ceux d’associés mais rivaux à la fois.
François Mitterrand cherche à capter le mécontentement à son profit, mais c’est un échec : à la fin du mois de juin 1968, la FGDS a perdu la moitié de ses électeurs.
Le PCF essaie tant bien que mal de maîtriser le mouvement, qui se développe sans son impulsion. Tandis que Georges Marchais dénonce le 3 mai « l’anarchiste allemand Cohn-Bendit » et les « faux révolutionnaires », le 7 mai le PCF reconnaît la « légitimité du mouvement étudiant ».
En fait, le PCF cherche au long de la crise de mai 68 à garder un lien minimal avec le mouvement, tout en en réduisant la portée et l’impact. Ces hésitations politiques ne sont pas sans causer des contestations au sein même du PCF sur la conduite à tenir.
Conséquences de Mai 68
I. Le retour au jeu politique
Le charisme présidentiel, incarné par De Gaulle, se transforme après mai 68 en gaullisme partisan. Le prestige de la personne présidentielle a perdu de son éclat.
Pompidou à l’occasion de la crise de Mai 68 prend de l’importance vis-à-vis de De Gaulle. Il revient le 12 mai, prononce un discours salué le 14 mai à l’Assemblée nationale,
Il existe alors plusieurs interprétations pour comprendre la disparition de De Gaulle à Baden Baden le 29 mai, que ce soit pour vérifier ses soutiens militaires, ou pour se mettre en retrait de la vie politique.
De Gaulle ne voit pas d’un bon oeil l’ascension de Pompidou, et le remplace par Couve de Murville. Le référendum d’avril 1969 sur la réforme des régions et la transformation du Sénat, où le non sort victorieux, entraîne le retrait de De Gaulle.
II. L’analyse de Mai 68
Mai 68 fut pour Bourdieu un moment où fut suspendu l’adhésion à l’ordre établi. La découverte de l’arbitraire, qui fondait l’ordre établi, provoque un moment inouï, où les hommes prennent conscience de cet arbitraire et décident d’en sortir, ou du moins de le suspendre
Deleuze et Guattari écrivent quant à eux que « Mai 68 n’a pas eu lieu », c’est-à-dire que « la société française a montré une radicale impuissance à opérer une reconversion subjective au niveau collectif, telle que l’exigeait 68 ».
Si Mai 68 était bien ce moment où l’arbitraire avait été contesté, alors l’échec de Mai 68, son refoulement, seraient à comprendre comme le retour à la doxa, c’est-à-dire un retour à l’ordre établi, sans remise en cause.
Dans un entretien publié en 1988*, Cohn-Bendit analyse en ces termes Mai 68 : « Par sa forme, c’est le premier mouvement moderne des sociétés industrielles avancées et dans son expression, c’est la dernière révolte révolutionnaire du passé. Les deux aspects sont mélangés. Je crois que 1968 a fondamentalement annoncé toutes les révoltes qui poussent vers l’autonomie, la société civile des individus, et la transformation complète de la société ! »
Interrogé sur les résultats de Mai 68, il ajoute notamment : « C’est, par exemple, les catholiques qui n’écoutent pas le Pape quand il parle de contraception », et sur ce qui reste de Mai 68 : « ce que mai 68 a engendré : le mouvement écologiste, le mouvement des femmes, la sensibilité anti-totalitaire ».
* Dreyfus-Armand Geneviève, Cohn-Bendit Daniel. Le mouvement du 22 mars. Entretien avec Daniel Cohn-Bendit. In: Matériaux pour l’histoire de notre temps. 1988, N. 11-13. Mai-68 : Les mouvements étudiants en France et dans le monde. pp. 124-129.
Slogans de Mai 68
→ 50 citations historiques au XXesiècle
- Métro, boulot, dodo.
- Nous ne voulons pas d’un monde où la certitude de ne pas mourirde faim s’échange contre le risque de mourir d’ennui.
- Élections, piège à cons.
- Imagine.
- Il est interdit d’interdire.
- L’ennui est contre-révolutionnaire.
- L’imagination prend le pouvoir !
- Non à l’Etat policier !
- Même si Dieu existait, il faudrait le supprimer.
- ORTF : La police vous parle tous les soirs à 20 heures.
- On achète ton bonheur. Vole-le.
- Tout est politique.
- Prenez vos désirs pour la réalité.
- Soyez réalistes, demandez l’impossible.
→ Fiches d’histoire contemporaine
(La photo à la une de cet article, prise par Gilles Caron en date du 27 mai 1968, représente Pierre Mendès France au milieu de la foule.)
Une belle ânerie mai 68 ; l’inflation allait récupérer les augmentations de salaire en deux coups de dés.
SVP je veux savoir comment mon oncle Mouhamed souli étudient au serbonne des année 60 (1960) est mort ? D’origine tunisienne mohamed ben hannachi souli