La meilleure législation au monde est celle qui garantit la devise de la République française !
En tout cas, une partie de la devise : Liberté, Égalité, Fraternité. La fraternité est sans aucun doute importante pour Rousseau, mais il insiste davantage sur les deux premiers mots : liberté et égalité.
Bien sûr, il est anachronique d’associer Jean-Jacques Rousseau, qui vécut de 1712 à 1778, avec la formule employée pour la première fois par Maximilien Robespierre en décembre 1790 : « Liberté, égalité, fraternité« . Et il n’est nul besoin d’ajouter que vous ne comettrez pas cet impair dans vos copies.
Toutefois, pour des considérations purement pédagogiques, nous espérons qu’il s’agit là d’un excellent moyen pour graver à jamais dans vos esprits : les deux principaux buts, les deux principales visées de la meilleure législation possible : liberté et égalité.
Du moins c’est ce qu’affirme Jean-Jacques Rousseau dans le Contrat social, texte dans lequel il cherche à définir les principes des systèmes politiques.
Égalité ?
Attention toutefois à ne pas méprendre ce que Rousseau entend par égalité. Il ne faut pas se représenter l’égalité comme un ensemble de personnes qui partageraient exactement la même somme d’argent, le même patrimoine, les mêmes pouvoirs, les mêmes grades. Au contraire, les citoyens peuvent avoir des degrés de puissance, de pouvoirs, et de richesses différents, mais :
- les citoyens sont égaux devant la loi et en fonction de leur rang
- les citoyens ne doivent pas être si pauvres qu’ils devraient se vendre, ni si riches qu’ils pourraient acheter les autres
Si l’on recherche en quoi consiste précisément le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système de législation, on trouvera qu’il se réduit à deux objets principaux, lalibertéet l’égalité: la liberté, parce que toute dépendance particulière est autant de force ôtée au corps de l’état; l’égalité, parce que la liberté ne peut subsister sans elle.
J’ai déjà dit ce que c’est que la liberté civile: à l’égard de l’égalité, il ne faut pas entendre par ce mot que les degrés de puissance et de richesse soient absolument les mêmes; mais que, quant à la puissance, elle soit au-dessus de toute violence, et ne s’exerce jamais qu’en vertu du rang et des lois; et, quant à la richesse, que nul citoyen ne soit assez opulent pour en pouvoir acheter un, autre, et nul assez pauvre pour être contraint de se vendre: ce qui suppose, du côté des grands, modération de biens et de crédit, et, du côté des petits, modération d’avarice et de convoitise.
Cette égalité, disent-ils, est une chimère de spéculation qui ne peut exister dans la pratique. Mais si l’abus est inévitable, s’ensuit-il qu’il ne faille pas au moins le régler? C’est précisément parce que la force des choses tend toujours à détruire l’égalité, que la force de la législation doit toujours tendre à la maintenir.Chapitre 11. – Des divers systèmes de législation. – Jean-Jacques Rousseau
Liberté ?
Dans cet extrait, Rousseau mentionne très brièvement ce qu’il entend pour liberté, et uniquement pour renvoyer le lecteur à ses autres écrits : « J’ai déjà dit ce que c’est que la liberté civile« .
Il faut dire que Rousseau s’est déjà étendu longuement sur la liberté dans tout le livre précédent du Contrat social. Ainsi, pour comprendre ce que Rousseau entend par liberté, il est impératif de reprendre l’ensemble du Premier livre du Contrat social.
Vous pouvez soit lire le résumé que nous avons fait pour vous : si vous avez davantage de temps.
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