Pour comprendre qu’est-ce qu’une histoire populaire des Etats-Unis, le travail d’historien de Howard Zinn, et pour retrouver le sommaire de cette histoire : rendez-vous ici Histoire populaire de la société des Etats-Unis après 1945.
Les Etats-Unis à l’époque de la guerre du Vietnam
La 1ère partie de la guerre d’Indochine
En 1945, le Japon évacua l’Indochine. Les révolutionnaires dirigés par Ho Chi Minh qui les avaient combattus rédigent une Déclaration d’indépendance, où ils critiquent en particulier les colonialistes français.
Craignant le contrôle des puissances occidentales sur l’Indochine, Ho Chi Minh envoie des lettres au président Truman en 1945 et 1946, ainsi qu’une aux Nations unies, en rappelant le principe d’autodétermination, mais le président Américain ne fit aucune réponse.
La guerre d’Indochine commença en octobre 1946, quand les Français bombardèrent le port d’Haiphong. Les Etats-Unis vinrent en aide aux Français : ils financèrent en tout 80% de la guerre française. Les raisons invoquées étaient celles de lutter contre le communisme, et ce qui fut appelé plus tard la théorie des dominos : si un pays devenait communiste, il deviendrait contagieux pour ses voisins.
En 1954, les Français renoncèrent à la guerre, devant une population fidèle à Ho Chi Minh. Le Sud-Vietnam demeura sous l’emprise des Etats-Unis, qui placèrent Ngo Dinh Diem au gouvernement. Peu populaire du fait de sa religion, catholique alors que la population était plutôt bouddhiste, de ses intérêts économiques, alors que la population était composée de petits paysans, Diem réagissait avec force, et emprisonnait notamment les opposants qui dénonçaient la corruption. Vers 1958, la guérilla alimentée par le Nord-Vietnam menaçait le gouvernement. Le Front national de libération, connu sous le sigle FNL, réunit les mécontents. Pike estimait à environ 300 000 le nombre de membres du FNL début 1962.
La 2nde partie de la guerre d’Indochine
Kennedy en 1961 prit la suite de l’action engagée par Truman et Eisenhower. En mai 1963, l’immolation par le feu d’un moine bouddhiste à Saigon fut prise en exemple par d’autres moines. La réaction de la police engrangea de nombreuses violences.
Des généraux vietnamiens, en contact avec le responsable local de la CIA,, complotèrent contre Diem. Ceci n’allait pas contre les intérêts des Etats-Unis, pour qui Diem était devenu gênant. Les généraux prirent le palais présidentiel le 1er novembre 1963, et Diem en fuite fut rattrapé et exécuté.
3 semaines après, Lyndon Johnson succédait à Kennedy, après l’assassinat de ce dernier.
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« Why we are in Vietnam »
Au Sud-Vietnam, le FNL demeurait populaire. Johnson prit pour prétexte le fait que « le destroyer américain Maddox » avait « été l’objet d’une agression injustifiée », évènement qui n’aurait été en fait qu’un coup monté des Etats-Unis, pour relancer la guerre au Vietnam. En 1965, plus de 200 000 soldats furent d’abord envoyés, bientôt rejoints par 200 000 autres soldats en 1966. Des régions entières du Sud Vietnam furent déclarées « Free Fire Zones » : toute personne s’y trouvant, même civile, était considérée comme un ennemi. Les hommes qui pouvaient orter une arme étaient tués, les maisons détruites par le feu, et des camps de réfugiés avaient été mis en place. La Croix-Rouge internationale a fait part depuis de documents estimant le nombre de prisonniers dans ces camps au plus fort de la guerre : 65000 personnes à 70000 personnes.
La Cour suprême, à qui furent adressées des pétitions pour montrer l’inconstitutionnalité de la guerre, se refusa d’étudier la question. A la fin de la guerre, 7 millions de tonnes de bombes avaient été lancées au Vietnam. Les produits toxiques délivrés eurent aussi de forts impacts négatifs sur l’environnement et probablement sur les naissances.
Le 16 mars 1968 eut lieu la tragédie de My Lai, du nom du village : tous les habitants y furent tués, regroupés dans une fosse. Il s’agirait de 450 à 500 personnes, surtout des femmes, des enfants, et des vieux, selon Seymour Hersh qui a dédié un livre à cet évènement. My Lai n’aurait pourtant pas été un cas isolé.
Au début de cette année 1968, le FNL lance l’offensive du Têt, et parvient jusqu’à Saigon, même si l’attaque est contrecarrée.
Les premières protestations contre la guerre au Vietnam
La popularité de Johnson est si basse que celui-ci annonce en 1968 qu’il ne se représentera pas. Les Etats-Unis commencent à faire revenir leurs troupes.
La même année, Richard Nixon succède à Johnson à la présidence, et continue le retrait des troupes. En février 1972, les soldats américains sont 150 000 seulement au Vietnam. Nixon confie la poursuite du conflit aux forces sud-vietnamiennes, en ne faisant que financer et soutenir matériellement le gouvernement : c’est la « vietnamisation » du conflit. C’est un moyen pour Nixon de ne pas arrêter la guerre, tout en contentant la population.
En 1970, Nixon et Henry Kissinger essaient de s’imposer au Cambodge, mais c’est un échec. En 1971, 800 00 tonnes de bombes auraient été envoyées au Laos, Cambodge, et Vietnam, par les Etats-Unis, notamment en soutenant le Sud-Vietnam contre le Laos.
Les oppositions de la population américaine vinrent en particulier du mouvement pour les droits civiques. Le SNCC, Student Nonviolent Coordinating Committee, s’opposa publiquement en 1966 à la « politique agressive en parfaite violation des lois internationales » des Etats-Unis. Le boxeur Muhammad Ali dénonça une « guerre de l’homme blanc », et Martin Luther King déclara : « D’une manière ou d’une autre, cette folie doit cesser ».
A partir de 1964, le slogan « Nous n’irons pas » irriguait la société américaine, tandis que des jeunes refusaient de s’inscrire pour l’incorporation. Un de ces protestataires, David O’Brien, brûla ses papiers militaires ; cet acte fut l’objet d’une décision de la Cour suprême, qui refusa l’argument de la « liberté d’expression ».
Le nombre de personnes réfractaires traitées en justice explosa : milieu 1965, 385 poursuites judiciaires, en 1968, 3500 poursuites, et 300 960 en 1969.
L’amplification des mouvements de contestation de la guerre
Deux évènements contribuèrent à sensibilier l’opinion américaine. Ce fut deux suicides par le feu pour protester contre la guerre : le premier le 2 novembre 1965, exécuté par Norman Morrison devant le Pentagone, et le second fut celui d’Alice Hertz la même année à Detroit.
Le 15 octobre 1969, ils furent 100 000 à manifester à Boston contre la guerre. En 1970, des manifestations de même ampleur eurent lieu toute l’année à Washington.Et la protestation gagna même la classe moyenne et les professions libérales, ce qui est relativement rare.
Autour du gouvernement, voire même au sein du gouvernement, des voix commencèrent également à s’élever, comme celle de Daniel Ellsberg. Avec son ami Anthony Russo, ils publièrent des documents secrets, envoyés aux membres du Congrès et au New York Times qui commença à diffuser dès juin 1971 des extraits connus sous le nom de Pentagon Papers.
Des prêtres et des religieuses catholiques se joignirent à la protestation, comme le père Philip Berrigan, le frère de Daniel Berrigan, ou Mary Moylan.
Lorsque Nixon commanda d’envahir le Cambodge, les protestations attinrent un paroxysme. Le 4 mai 1970, la garde nationale fit 4 morts et un paralysé parmi les étudiants de la Kent State University, ce qui provoqua la plus grande grève estudiantine jamais vue dans le pays, touchant 400 universités et collèges. Le FBI compte 1785 manifestations au cours de l’année scolaire 1969-1970.
La fin de l’engagement des Etats-Unis au Vietnam
En août 1965, 61% des Américains pensaient que l’engagement au Vietnam n’était pas une mauvaise chose. Le rapport fut inversé en mai 1971 : 61% considérant que l’engagement au Vietnam était une mauvaise chose.
Cette désapprobation était la plus forte chez les personnes âgées de plus de 50 ans, chez les Noirs, et chez les femmes.
Les soldats eux-mêmes commencèrent à devenir pacifistes. Aux actes individuels de désobéissance suivirent les désertions, : 50 000 à 100 000 déserteurs. Une presse clandestine se développa dans les bases militaires, à partir de 1970. Même sur le front vietnamien, les militaires s’opposaient parfois à des actions de la guerre.
Ces hommes furent menacés d’être supprimés des rangs une fois que les Etats-Unis retirèrent leurs troupes en 1973. Il s’agissait d’environ 6000 hommes, parmi lesquels beaucoup de Noirs.
L’engagement américain au Vietnam prit en effet fin à l’automne 1973, après une ultime tentative pour faire reculer le Nord-Vietnam. Après le retrait, les Etats-Unis continuèrent de soutenir le gouvernement de Saigon, mais celui-ci vacilla sous les attaques du Nord-Vietnam en 1975 : Saigon fut nommé Ho Chi Minh-Ville et le Vietnam fut réunifié.
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