Le secret implique autrui, c’est-à-dire l’autre personne, parce qu’il met à l’écart quelqu’un des autres.
Ainsi, en 1165, secret avait le sens de « situé à l’écart des lieux fréquentés » dans l’expression lieus segreiz utilisée par Benoît de Ste-Maure.
Paradoxalement, c’est aussi par autrui que nous apprenons à démêler le secret de notre propre être.
Aristote dans La Grande Morale (livre qui lui est attribué) : «La connaissance de soi est un plaisir qui n’est pas possible sans la présence de quelqu’un d’autre qui soit notre ami; l’homme qui se suffit à soi-même aurait donc besoin d’amitié pour apprendre à se connaître soi-même.»
C’est révéler davantage encore que le secret implique la notion d’autrui.
Hegel rejoint en quelque sorte ce point de vue d’Aristote lorsqu’il explique dans la Phénoménologie de l’esprit (1807) que la conscience de soi n’est possible que lorsqu’il y a une altérité, une autre personne.