Sur quoi se fonde le droit de punir ? Pourquoi punir ? La punition est-elle juste ?
Ces trois questions seront abordées ici sous l’angle de la philosophie et de l’histoire des idées, depuis Platon jusqu’à notre époque avec Michel Foucault.
Elles trouveront une réponse en trois mouvements : il faut d’abord établir que le droit de punir est nécessaire ; même si celui-ci se révèle malsain ; enfin trouver qu’il se base néanmoins sur la nature humaine.
Le droit de punir est nécessaire
Platon (v. 427-348) dans le Gorgias associe punition et justice. Il cherche à montrer comment une punition peut être juste.
Emmanuel Kant (1724-1804) estime que le crime doit être sanctionné. Il faut appliquer la loi, comme la loi du talion.
La punition est objet de dissuasion : les hommes ne viennent pas au méfait par peur de la punition.
La punition est aussi un moyen d’éduquer : un enfant, ou un criminel.
Pas d’état sans punition, car la punition garantit le respect des lois : en effet, l’Etat est souverain du « monopole de la violence légitime » selon l’expression de Max Weber
Le droit de punir se révèle malsain
Marx (1818-1883) montre que la punition n’est que la face visible d’un rapport de force en réalité.
Friedrich Nietzsche (1844-1900) pense que la punition est surtout la concrétisation d’un goût de l’homme pour la cruauté et le sang.
Michel Foucault (1926-1984) voit en la punition un simple moyen pour l’homme de contrôler les esprits et les corps, pour imposer son joug.
Le droit de punir se fonde sur la nature humaine
Pour Blaise Pascal (1623-1662), il faut à la fois la force et le droit. La punition représente cette force.
Emmanuel Kant (1724-1804) conclut que l’homme ne devient libre que par la contrainte.
Friedrich Hegel (1770-1831) estime que le droit de punir est avant tout un droit pour la dignité du criminel. De plus, la punition est inhérent à la notion même de droit.
Je pense que la punition doit avant tout profiter et soulager la personne à qui le tort a été causé et pour cela il faut pouvoir garantir une punition à la hauteur du préjudice commis par le fautif ou la fautive .Je pense que la peine encourue doit être aussi dissuasive en prévision de toute action illégale ou criminelle. Faire prendre conscience à tout un chacun qu’il est grave de ne pas respecter les lois ,comme une sorte de limite à ne jamais franchir.
Je suis d’accord avec Platon qui associait punition et justice. Par contre ,je suis opposé à Emmanuel Kant qui estimait que le crime doit être sanctionné par la loi du talion. Je suis farouchement contre la peine de mort qui ne résout rien , selon moi et qui revient à utiliser les mêmes arguments que les criminels sans oublier les erreurs judiciaires que l’on ne pourra plus jamais réparer. Je pense que la prévention est capitale tout comme l’éducation pour les enfants ou la sanction est présente pour garantir le respect des règles dans le respect des enfants bien évidement.
Merci infiniment pour ces éclaircissements. Je voudrais cependant mieux comprendre la punition chez Michel Foucault.
Merci Alex pour ton commentaire. Voici quelques informations plus détaillées sur la notion de punition pour Michel Foucault. Michel Foucault explore la transformation des pratiques punitives à travers l’histoire, passant des supplices corporels à une surveillance généralisée et à une discipline des esprits dans les institutions modernes telles que les prisons. L’accent est mis sur le contrôle et la modification des comportements des détenus à travers une surveillance constante, notamment inspirée du concept de panoptique de Jeremy Bentham, un dispositif architectural qui permet une surveillance omniprésente et invisible, favorisant une auto-discipline des individus. Foucault décrit comment les institutions disciplinaires (hôpitaux, écoles, usines, prisons) fonctionnent comme des machines à connaître, surveiller et modeler les individus, en particulier ceux considérés comme anormaux (fous, délinquants). Le pouvoir moderne, selon Foucault, se caractérise par le biopouvoir, c’est-à-dire le contrôle des populations pour assurer la sécurité et la protection, souvent au détriment des droits individuels. Les luttes dans les prisons françaises des années 1970 illustrent une résistance des détenus contre ces pratiques oppressives. Le Groupe d’information sur les prisons (GIP), avec lequel Michel Foucault avait des liens étroits, a œuvré pour donner la parole aux détenus, dénonçant les conditions inhumaines et les violences subies, et cherchant à rendre publiques ces réalités pour susciter des réformes. Foucault montre que la révolte contre les conditions carcérales révèle les tensions entre l’État pénal et l’État social, soulignant l’abandon des populations marginalisées au profit de la sécurité des privilégiés.
J’espère que cela t’aide ! Voici le lien d’un bon livre sur le sujet si tu veux en savoir encore plus.
Bonne journée,
L’équipe Intégrer Sciences Po