Définition des termes du sujet : L’artiste est-il maître de son œuvre ?
Dans l’introduction, après l’accroche et la mise en perspective d’u paradoxe, il est bon de rappeler une définition générale des termes. Cependant cette définition devra être affinée au fur et à mesure du devoir, suivant l’évolution des parties.
Artiste : 1. Personne qui crée des œuvres dotées de qualités esthétiques ne répondant à sa conception de l’art. 2. Artisan ou praticien faisant preuve dans son travail d’un grand talent. (Dictionnaire de l’Académie française)
Maître : Généralement, 1. Personne qui en dirige d’autres selon sa volonté, qui tient des hommes, des lieux sous son autorité
(Dictionnaire de l’Académie française)
Œuvre : Généralement, 1. Ce qui est réalisé, créé,
accompli par le travail, l’activité, et qui, généralement, demeure, subsiste (Dictionnaire de l’Académie française).
Problématique : L’artiste est-il maître de son œuvre ?
La problématique doit porter sur la question sous-jacente du sujet. En tan qu’étudiant, il faut se demander : pourquoi l’examinateur a-t-il posé ce sujet ?
En l’occurrence, il semble exister, des termes mêmes du sujet, une opposition entre l’artiste et son œuvre : l’artiste et son œuvre sont distincts, et ne paraissent pas s’appartenir.
L’artiste est celui qui crée l’œuvre ; or, dans ce sujet « L’aristo est-il maître de son œuvre ? », l’œuvre est posée comme indépendant de l’artiste, comme si elle n’appartenait plus à l’artiste.
Au contraire, l’œuvre serait-elle maître de l’artiste ? L’œuvre « tiennent[droit] des hommes sous son autorité », en l’occurrence son auteur même.
Plan : L’artiste est-il maître de son œuvre ?
I. L’artiste demeure le créateur de son œuvre (c’est l’artiste qui façonne, qui donne vie à l’œuvre)
II. L’œuvre s’impose pourtant à l’artiste (l’œuvre façonne également l’artiste, par la marque qu’elle lui imprime)
III. L’œuvre d’art est la patrie non mortelle d’êtres mortels.
Développement : L’artiste est-il maître de son œuvre ?
I. L’artiste demeure le créateur de son œuvre
Aristote traite implicitement de l’œuvre dans La Poétique, en opposant poésie (philosophique, du général) et chronique (moins noble, de particulier) : « il ressort clairement que le rôle du poète est de dire non pas ce qui a eu lieu réellement, mais ce qui pourrait avoir lieu dans l’ordre de vraisemblable ou du nécessaire. »
C’est Kant qui en 1790 dans Critique de la faculté de juge théorise l’œuvre d’art comme produit de la nature. « L’art se distingue de la nature comme le faire (fâcher) se distingue de l’agir ou de l’effectuer en général (agir), et le produit ou la conséquence de l’art se distingue en tant qu’œuvre (opus) du produit de l nature en tant qu’effet (effectif). »
→ Résumé du Traité sur la pédagogie – Emmanuel Kan
Sont opposés en œuvre (opus) effet (effectue) qui renvoient respectivement au produit de l’art, et au produit de la nature.
Pour Kant, « la nature donne à l’art ses règles », c’est dire que les effets (effectif), produits de la nature, sont supérieurs aux œuvres (opus),
dans une certaine mesure.
II. L’œuvre s’impose pourtant à l’artiste
Ce rôle de l’œuvre dans la création de l’artiste est mis en évidence par Alain dans Système des beaux-arts. L’être humain ne crée qu’à
partir de son œuvre : c’est son œuvre qui lui dit comment elle doit être faite. Pour comprendre simplement cette idée d’Alain, représentez-vous en train de dessiner. Vous dessinez quelques formes, un cercle, un carré. Puis, e contemplant votre œuvre, ou plutôt les prémices de votre œuvre,
vous sentez qu’un coup de crayon ici ou là irait bien au dessin. Vous vous arrêtez une nouvelle fois, et instinctivement, au vu de votre œuvre, vous poursuivez dans telle direction plutôt qu’une autre.
C’est en faisant son œuvre que l’artiste crée son œuvre, qu’i façonne différemment son œuvre. Alain dit à ce propos : « la loi suprême de l’invention humaine est que l’on n’invente qu’en travaillant. »
C’est d’ailleurs en cela que l’artiste est artiste plutôt qu’artisan : parce que « l’idée lui vient à mesure qu’il fait », il est « spectateur de son œuvre en train de naître. »
III. L’œuvre d’art est la patrie non mortelle d’être mortel.
Hannah Arendt dans Condition de l’homme moderne offre une autre vue : « Dans le cas des œuvres d’art, la réification est plus qu’une transformation ; c’est une transfiguration »
« Les œuvres d’art sont des objets de pensée, mais elles n’en sont pas moins des objets. »
L’œuvre d’art se pose donc à l’encontre d’un usage ordinaire de l’objet, et des besoins de l’homme. Il ne s’agit pas de « se servir » d’un œuvre d’art.
L’art est permanent : cette immortalité n’est pas l’immortalité de l’homme, mais de la création des mains de l’homme. En cela, Hannah Arendt dit que l’œuvre d’art est une « chose immortelle accomplie par des mains mortelles ».
L’art nous présente des choses jusqu’alors invisibles – Bergson
Moi aussi j’ai parlé de l’inconscient et de tous les déterminismes qui pesait sur l’homme et donc sur l’artiste comme la société par exemple. Je ne pense pas que ce soit faux dans l’absolu. De toutes façons en philo, il n’y a pas une copie type attendue, c’est le raisonnement qui est évalué !
Bonjour,
Dans ma troisième partie, j’ai parlé de l’inconscient. J’ai expliqué que l’Art pouvait être l’expression de l’inconscient (exemple : Dali), sans que l’artiste en soit nécessairement conscient blablabla. Que par définition l’artiste ne maîtrise pas l’inconscient et que dans cette perspective il n’était donc pas le maître de son oeuvre.
Dans aucune correction j’ai vue l’inconscient comme élément de réponse. Pensez-vous que c’est un hors-sujet ou même que c’est carrément faux ?
Merci 🙂