Pierre Charron, au XVIe siècle, propose une définition de la souveraineté proche de celle de Jean Bodin.
Ainsi, dans De la Sagesse, Pierre Charron soutient que la souveraineté est une :
Puissance perpétuelle et absolue, sans restriction de temps ou de condition : (…) la souveraineté est dite telle et absolue, pour ce qu’elle n’est sujette à aucunes lois humaines ni siennes propres.
Pierre Charron, De la Sagesse, I, 49
Ainsi, la souveraineté est véritablement au sommet de la pyramide du pouvoir. Aucune loi ne s’applique contre elle. On pourrait nuancer ce propos et faire voir que la loi divine, à cette époque importante pour un théologien comme Pierre Charron, est encore plus puissante et contraint la souveraineté. De plus, cette dernière reste ordonnée à la raison.
Pour alimenter la réflexion sur les révolutions potentielles de la part du peuple, il est intéressant d’observer que Pierre Charron dans le même ouvrage propose ou du moins essaie de concilier l’intérêt public et la morale. A cette fin, on doit pouvoir utiliser de « mauvais moyens » dans le cas où on aboutirait à un résultat meilleur et plus important.
Ainsi :
On est contraint de se servir et user de mauvais moyens, pour éviter et sortir d’un plus grand mal, ou pour parvenir à une bonne fin : tellement qu’il faut quelquefois légitimer et autoriser non seulement les choses qui ne sont point bonnes mais encore les mauvaises comme si pour être bon il fallait quelquefois être un peu méchant. Et ceci se voit partout en la police, justice, vérité, religion.
Ne peut-on pas, dès lors et au nom de l’intérêt de l’Etat, réfréner une révolution en devenir par des moyens plus cruels ?