Dans Utopia, livre I, Thomas More fait voir sa conception idéalisée du gouvernement des hommes.
Un certain Raphaël Hythlodée, le navigateur qui a découvert l’île d’Utopie, formule une morale du gouvernement. Le roi, qui constitue ce gouvernement, se doit d’aider son peuple et de le servir.
Relevons deux extraits du livre I d’Utopia :
Les hommes ont fait des rois pour les hommes, et non pas pour les rois ; ils ont mis des chefs à leur tête pour vivre commodément à l’abri de la violence et de l’insulte.
Cet extrait nous dit bien quel est le rôle du roi : c’est celui de servir les hommes, servir son peuple. Il nous dit deuxièmement que ce sont les gens du peuple qui ont mis à leur tête un roi, le roi a été placé par la communauté des hommes. Troisièmement, que la révolution, dont le caractère est naturellement brusque, ne va pas avec la volonté naturelle d’un citoyen : celui-ci désire se protéger de la violence, et c’est pourquoi il met en place un gouvernement.
Un peu plus tard :
Quel est l’homme qui désire plus vivement une révolution ? N’est-ce pas celui dont l’existence actuelle est misérable ? Quel est l’homme qui aura le plus d’audace à bouleverser l’Etat ? N’est-ce pas celui qui ne peut qu’y gagner, parce qu’il n’a rien à perdre ?
C’est donc bien celui qui n’est plus à l’abri de la violence, qui est misérable, qui a tout intérêt à faire une révolution.
Il ne faut pas oublier également le contexte dans lequel a été écrite l’oeuvre : Thomas More désirait limiter le pouvoir royal, car Henri VIII, dont il fut pourtant le protégé un temps, était tyrannique.