Cette expérience menée par le New York Times est assez révélatrice de la puissance des caméras de surveillance.
À partir de données publiques (des photos publiées sur le site internet des entreprises), et en utilisant le logiciel de reconnaissance facial proposé par Amazon, ils ont pu identifier un professeur à la faculté d’optométrie de l’université d’Etat de New York. Cela leur a coûté 54 euros.
Que penser d’un tel système entre les mains des pouvoirs publics ?
Jennifer Lynch, directrice chargée des litiges liés à la surveillance à l’Electronic Frontier Foundation, une ONGI de protection des libertés sur Internet basée à San Francisco, dénonce : « Dès lors que l’Etat est capable de nous suivre à la trace et de nous identifier partout où nous allons, il devient impossible de parler anonymement ou d’être un acteur anonyme de la société ».
Elle est donc partisane d’une interdiction des systèmes de reconnaissance faciale utilisés par l’Etat.
C’est que l’utilisation de la reconnaissance faciale par les pouvoirs publics n’a rien du mythe.
Non seulement ils en ont les moyens (un vaste réseau de caméras allié à une gigantesque base de données d’images, telle que pour les permis de conduire) – ainsi l’American Civil Liberties Union estime que la police de New-York a accès simplement pour le Lower Manhattan à 9000 caméras – mais de plus ils s’en sont déjà servis. Certaines forces de police, comme dans le comté de Washington dans l’Oregon. C’est qu’aucune loi n’encadre l’utilisation de la reconnaissance faciale, que ce soit au niveau fédéral, et c’est également vrai à l’échelon des Etats, pour la quasi totalité d’entre eux.
Et il ne s’agit là que des Etats-Unis, pas de la Chine qui pourrait servir d’exemple plus flagrant.
Certaines figures vont plus loin : Woodrow Hartzog, et Evan Selinger affirment : « De l’interdiction de la technologie de reconnaissance faciale dépend la prospérité future de l’homme ».
Du côté de la force policière, on répond que les technologies doivent suivre le cours de l’histoire.