Une des questions récurrentes de la philosophie porte sur sa relation avec la science.
- La philosophie est-elle est une science ?
- La science est-elle une philosophie ?
- Comment science et philosophie peuvent-ils s’harmoniser ? Quel lien les unit ? Sont-ils compatibles ?
I. La philosophie supplante la science
Durant l’Antiquité, la philosophie est la science suprême « des premiers principes et des premières causes ». Toutes les autres sciences découlent de la philosophie. Philosophie et science naissent au même moment, chez les Grecs.
Pour Platon, les sciences amènent à la philosophie, et la philosophie est le socle de ces sciences. Sur le fronton de l’Académie, son école, était inscrit : « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre. »
II. La science s’émancipe de la philosophie
Au XVIIe siècle, le développement des sciences positives (fondées uniquement sur les faits réels, l’expérience) et la méthode expérimentale, qui définit un protocole strict pour construire la science à partir des expériences, donne une indépendance à la science vis-à-vis de la philosophie.
La science ne vise plus le savoir désintéressé, mais a un objectif utilitaire pour l’homme. Elle se rapproche ainsi de la technique, devenant techno-science : il s’agit de rendre l’homme « comme maître et possesseur de la nature », comme l’expliquait René Descartes.
→ Explications du Discours de la Méthode – Descartes
La philosophie devient superflue pour les scientistes (les scientistes font de la science un absolu) : engloutie par le progrès scientifique, elle n’a plus d’importance. Elle est considérée comme une « partie de la connaissance humaine qui n’a pas encore réussi à revêtir les caractères et à prendre la valeur de la science ». Auguste Comte, voit ainsi dans la métaphysique une « maladie chronique naturellement inhérente à notre évolution mentale et individuelle ou collective, entre l’enfance et la virilité », où l’enfance est l’esprit théologique et la virilité est l’esprit positif.
III. La philosophie et la science en harmonie
Selon Heidegger, la philosophie reste indispensable et ne doit pas vouloir s’assimiler à une science. Il écrit dans Lettre sur l’humanisme « La “philosophie” est dans la nécessité constante de justifier son existence devant les “sciences”. Elle pense y arriver plus sûrement en s’élevant elle-même au rang d’une science. Mais cet effort est l’abandon de l’essence de la pensée. La philosophie est poursuivie par la crainte de perdre en considération et en validité, si elle n’est science. On voit là comme un manque qui est assimilé à une non-scientificité ».
De même Friedrich Nietzsche dans le Gai savoir dissipe l’illusion scientiste : « C’est sur une foi métaphysique que repose notre foi dans la science ; chercheurs de la connaissance, impies, ennemis de la métaphysique, nous empruntons encore nous-mêmes notre feu au brasier qui fut allumé par une croyance millénaire, cette foi chrétienne, qui fut aussi celle de Platon, pour qui le vrai s’identifie à Dieu et toute vérité divine. »
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