Le Procès est un livre publié en 1925 à titre posthume, écrit par Kafka.
I. L’absurdité de la justice
Le livre de Kafka est assurément complexe et subtil, et les auteurs qui ont tenté d’en saisir toute la pensée n’ont pas épuisé toute la portée de l’oeuvre.
Cependant, l’aspect le plus direct que révèle cet ouvrage est une critique du judiciaire, de la bureaucratie qui l’entoure, donnant finalement son nom au livre : Le Procès.
En effet, il est question dans ce récit d’un homme appelé « Joseph K. » qui est accusé et convoqué devant la justice, pour un motif inconnu.
« Pourquoi serais-je donc arrêté ? Et de cette façon, pour comble ?
– Voilà donc que vous recommencez ! dit l’inspecteur en plongeant une tartine beurrée dans le petit pot de miel. Nous ne répondons pas à de pareilles questions.«
Chapitre I, Le Procès – Kafka
Tout au long du livre, Joseph K. doit se défendre pour un procès dont il ne connaît pas la cause. En parlant de l’organisation judiciaire :
« Et maintenant le sens, messieurs, de cette grande organisation ? C’est de faire arrêter des innocents et de leur intenter des procès sans raison et, la plupart du temps aussi – comme dans mon cas – sans résultat. »
Chapitre III, Le Procès – Kafka
Mais avoir ce procès, sans même savoir pourquoi, serait déjà la reconnaissance d’une culpabilité.
« A te voir, on croirait presque [que tu veux vérifier] le proverbe : « Avoir un pareil procès c’est déjà l’avoir perdu. » »
Chapitre VI, Le Procès – Kafka
II. La justice irresponsable et incompétente
Cette absurdité se double de passages sur la lourdeur de la bureaucratie. Par exemple lors de son premier interrogatoire,le juge d’instruction se trompe en parlant de l’accusé :
« Voyons donc, dit le juge d’instruction en tournant les feuilles du registre et en s’adressant à K. sur le ton d’une constatation ; vous êtes peintre en bâtiments ?
– Non, dit K., je suis le fondé de pouvoir d’une grande banque. »
Chapitre III, Le Procès – Kafka
Les hommes de justice sont aussi représentés comme complétement désintéressés de leur fonction, irresponsables. Ainsi Joseph K. s’étonne lorsqu’il consulte les livres utilisés par le juge lors de son procès :
« K. n’en feuilleta pas davantage ; il se contenta d’ouvrir le second livre à la page du titre ; il s’agissait là d’un roman intitulé Tourments que Marguerite eut à souffrir de son mari.
« Voilà donc, dit K., les livres de loi que l’on étudie ici ! Voilà les gens par qui je dois être jugé ! » »
Chapitre IV, Le Procès – Kafka
III. Le sens de la justice et la liberté
Le livre invite constamment à s’interroger sur le sens de la justice, à l’instar de l’abbé qui apparaît au chapitre IX :
« J’appartiens donc à la justice, dit l’abbé. Dès lors, que pourrais-je te vouloir ? La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t’en vas. »
Chapitre IX, Le Procès – Kafka
Ainsi, tout en préparant le procès, Joseph K. est laissé en liberté ; mais cette liberté se révèle finalement comme une peine en elle-même.
« Et il devait travailler pour la banque ! Il regarda son bureau. Il fallait faire introduire des clients et discuteur maintenant avec eux ? Pendant que son procès continuait, pendant que là-haut, dans le grenier, les employés de la justice restaient penchés sur le dossier de ce procès, il lui fallait régler les affaires du service ? N’était-ce pas une espèce de supplice approuvé par le tribunal comme complément du procès ?«
Chapitre VII, Le Procès – Kafka