I. Le travail cherche à soumettre la nature
A. L’Homo faber
Il est dans la nature de l’homme de travailler. C’est ce que signifie Benjamin Franklin lorsqu’il énonce que l’homme est un « toolmaking animal » : « L’homme est un animal fabricateur d’outils ».
La notion de Homo faber est utilisée pour décrire cet homme voué au travail, à la fabrication d’outils.
Henri Bergson dans L’Évolution créatrice (1907) soutient au chapitre II :
« En définitive, l’intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer les objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d’en varier indéfiniment la fabrication »
Henri Bergson, L’Évolution créatrice, 1907
Tout au long de son évolution, l’homme a ainsi réussi grâce à son travail à s’approprier la nature.
L’homo habilis réalise il y a 2,5 millions d’années les premiers outils simples. Son habitat commence à s’organiser il y a 750 000 ans, et il maîtrise enfin le feu 300 000 ans plus tard. L’art pariétal se développe il y a 20 000 ans. Au Mésolithique, l’économie de chasse et de cueillette fait place à la production agricole.
Cette évolution des aptitudes de l’homme, qui utilise la nature pour la mettre à son service, s’est prolongée jusqu’à aujourd’hui, avec un rapport de plus en plus violent avec la nature. Si le moulin ne faisait que prélever au passage la nature, la machine à vapeur contraint la matière, et désormais la fission nucléaire libère une quantité d’énergie énorme, au cœur de la matière infime.
C’est ainsi que l’homme a pu étendre son emprise sur la nature.
→ I. B. L’esclavage pour s’affranchir du travail