La démocratie est un régime répandu, vanté par beaucoup, mais qu’en est-il des critiques qui peuvent lui être adressées ? Voici un compte-rendu des principaux défauts et limites des régimes démocratiques.
Ceux-ci seront étudiés en deux temps :
- Défauts de fonctionnement au sein des démocraties : pourquoi une démocratie reste un idéal nécessitant en pratique de travailler sur les défauts de ses institutions.
- Failles de la démocratie directe
- Faille de la démocratie indirecte
- Difficultés pour trouver un équilibre des pouvoirs
- Limites des régimes démocratiques : pourquoi la démocratie elle-même, dans sa nature, comporte un risque permanent de dérive.
- Problème de la vigilance citoyenne
- Problème de l’égalité
- Problème de la démagogie
Défauts de fonctionnement au sein des démocraties
Parmi les critiques les plus récurrentes contre la démocratie se trouvent celles qui sont liées au type même de la démocratie. Celle-ci en effet s’envisage soit sous la forme d’une démocratie directe, soit d’une démocratie indirecte. Ces deux types de démocraties ont leurs propres défauts, qui se font souvent échos.
1. Les failles de la démocratie directe
On parle de démocratie directe quand l’ensemble du peuple est impliqué pour prendre les décisions (à la majorité par exemple), nommer des responsables, rédiger les lois, etc. Pour bien fonctionner ce type de démocratie doit répondre à plusieurs exigences :
- Un peuple qui soit bon et prenne les bonnes décisions : un peuple éclairé
- Un peuple dont le nombre de citoyens reste administrable : il faut s’imaginer les Athéniens réunis pour voter à main levée. Au-delà d’un certain nombre, le compte des voix est incalculable et ingérable.
- Un peuple informé de tout, et intéressé par tout : il doit prendre part à chaque décision dans tous les domaines, même ceux qui ne font pas partie de leur quotidien.
- Un peuple qui a du temps libre, pour s’occuper des affaires et pour gouverner.
2. La faille de la démocratie indirecte
La démocratie indirecte s’installe principalement en considération des exigences qui viennent d’être énumérées, souvent trop difficiles à réunir pour garantir le bon fonctionnement d’une démocratie directe.
En démocratie indirecte donc, des représentants sont élus par le peuple pour gérer les affaires, rédiger les lois. Ces représentants ont un mandat du peuple, et exercent la démocratie au nom du peuple.
Ce système est aujourd’hui répandu dans le monde entier, comme en France : l’Assemblée nationale et le Sénat sont les deux chambres qui représentent le peuple, formant ce que l’on appelle le Parlement.
Cette solution de démocratie indirecte se caractérise donc évidemment par le principal défaut de ne pas répondre à l’idéal démocratique pur, souhaité par de nombreux auteurs comme Jean-Jacques Rousseau dans son Contrat social.
C’est effectivement un défaut majeur dans le sens où les intérêts d’un groupe réduit ne correspondent jamais parfaitement aux intérêts de la totalité du peuple.
À fortiori comme ce groupe de représentants constitue au sens propre une élite, il en découle le risque que les lois, les débats et les équilibres tournent en faveur des représentants du peuple et non plus du peuple lui-même.
→ Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais de démocratie ! – Jean-Jacques Rousseau
3. Difficultés de l’équilibre des pouvoirs
L’équilibre des pouvoirs, cher à Montesquieu, pose de nombreux défis aux démocraties. Si la force des différents pouvoirs était absolument égal, alors il serait impossible d’évoluer. Il est donc nécessaire de donner l’avantage à l’un des pouvoirs identifiés dans une démocratie… ce qui provoque toujours un risque.
Même si l’on peut compter davantage de pouvoirs au sein d’une démocratie, l’histoire a toujours laissé ou bien le pouvoir exécutif, ou bien le pouvoir législatif l’emporter.
Lorsque le pouvoir législatif a l’avantage, on parle de régime parlementaire. Ce régime pose deux problèmes majeurs : 1. si de nombreux partis politiques ou représentants se disputent le pouvoir, il devient impératif de former des coalitions. 2. le pouvoir risque la paralysie puisqu’il nécessite un accord entre une grande diversité d’individus ou de coalitions.
Lorsque le pouvoir exécutif a l’avantage, on parle de régime présidentiel. Ce régime présidentiel évite les deux écueils sus-mentionnés en donnant davantage de pouvoir à un chef unique élu, plus apte à s’engager dans une décision ferme. Toutefois le régime présidentiel présente par conséquent le défaut opposé, à savoir le risque de dérive vers un régime plus tyrannique, plus absolu, dans lequel la personne du président concentrerait tellement de pouvoirs qu’elle pourrait se passer du peuple et de ses représentants.
L’équilibre à trouver entre ces deux régimes demeure donc très fragile, et reste une menace persistante au sein des démocraties.
Limites du régime démocratique
Les critiques contre le régime démocratique se concentrent sur trois problèmes que nous détaillerons ici :
- la vigilance citoyenne, ou le risque de se laisser conduire passivement ;
- l’égalité extrême, ou le risque de ne pas accepter l’autorité des autres ;
- la démagogie, ou le risque de chercher à séduire l’électorat au détriment de la raison
1. Le problème de la vigilance citoyenne
C’est une critique célèbre relevée par Alexis de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique : le peuple se replie sur soi, sur ses propres petits plaisirs, et délaisse les affaires politiques.
« je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme » écrit-il dans le second volume daté de 1840.
Ce repli du peuple laisse place à une puissance tutélaire, résultant en un despotisme démocratique : « un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort« .
Le peuple tente de répondre à « deux passions ennemies: ils sentent le besoin d’être conduits et l’envie de rester libres« , ce qui les conduit à cette situation de despotisme démocratique. « Ils imaginent un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple. »
Pour répondre à cette menace, Tocqueville propose une solution : les associations. Ce sont les associations qui doivent jouer un contre-pouvoir, et garder constamment éveillée la conscience démocratique des citoyens.
2. Le problème posé par l’égalité
Le manque d’égalité est un problème en démocratie. Mais l’inverse, l’extrême égalité, le devient aussi, comme le relève Montesquieu :
« Le principe de la démocratie se corrompt, non-seulement lorsqu’on perd l’esprit d’égalité ; mais encore quand on prend l’esprit d’égalité extrême, et que chacun veut être égal à ceux qu’il choisit pour lui commander. Pour lors, le peuple, ne pouvant souffrir le pouvoir même qu’il confie, veut tout faire par lui-même, délibérer pour le sénat, exécuter pour les magistrats, et dépouiller tous les juges. »
Montesquieu (1689-1755), De l’Esprit des lois, 1748. Livre VIII, chapitre II
Formulée différemment, l’idée de Montesquieu revient à dire qu’il est parfois plus sage d’accepter de déléguer un pouvoir, de faire confiance à un autre qui connaît mieux le métier d’administrer et de gouverner.
Or dans le cas d’une société où l’égalité est poussée à son extrême, des citoyens irraisonnés pourraient donc ne plus accepter de déléguer leur voix ou leur pouvoir.
3. Le problème de la démagogie
La démagogie correspond à la recherche de la faveur du peuple pour obtenir ses suffrages et le dominer. Ce terme rejoint ainsi les notions d’électoralisme et d’opportunisme ; voire dans les débats politiques plus récents de populisme, même s’il n’y a pas de consensus actuel sur la signification de ce dernier concept.
« Toutes les sociétés démocratiques sont hypocrites et elles ne peuvent pas ne pas l’être. A notre époque, on ne peut établir de régime autoritaire qu’au nom de la démocratie, parce que tous les régimes modernes sont fondés sur le principe égalitaire. On n’établit un pouvoir absolu qu’en prétendant libérer les hommes. » écrit Raymond Aron dans Dix-huit leçons sur la société industrielle (Paris, 1962).
Une opposition se forme entre les gouvernants éclairés, conscients des difficultés, et l’idéal et la soif de plaisirs immédiats du peuple. Le peuple exige des élus qu’ils réalisent toutes leurs promesses, tandis que les élus sont poussés à mentir et à faire des promesses impossibles à tenir.
Vous avez fait un excellent travail ici félicitations a vous je travaille sur un sujet concernant la démocratie est un mauvais système mais il reste le moin mauvais parmi tous les systèmes.
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