Voici le commentaire d’un extrait de La Connaissance objective où Karl Popper s’attaque au déterminisme.
Le texte de Karl Popper, La Connaissance objective
J’ai traité le déterminisme physique de cauchemar. C’est un cauchemar
parce qu’il affirme que le monde entier, avec tout ce qu’il contient, est un
gigantesque automate, et que nous ne sommes rien d’autre que des petits
rouages, ou des sous-automates dans le meilleur des cas.Il détruit ainsi, en particulier, l’idée de créativité. Il réduit à l’état
de complète illusion l’idée que, dans la préparation de cette conférence, je
me suis servi de mon cerveau pour créer quelque chose de nouveau. Ce qui
s’est passé là, selon le déterminisme physique, c’est que certaines parties
de mon corps ont tracé des marques noires sur un papier blanc, et rien de
plus : tout physicien disposant d’une information suffisamment détaillée
pourrait avoir écrit ma conférence grâce à cette méthode très simple :
prédire les endroits précis où le système physique composé de mon corps (y
compris mon cerveau, bien sûr, et mes doigts) et de mon stylo tracerait des
marques noires.Ou, pour utiliser un exemple plus frappant : si le déterminisme physique
est correct, alors un physicien complètement sourd, qui n’aurait jamais
entendu de musique de sa vie, pourrait écrire toutes les symphonies et tous
les concertos de Mozart ou de Beethoven, au moyen d’une méthode simple, qui
constituerait à étudier les états physiques précis de leur corps et à prédire
où ils traceraient des marques noires sur leur portée. Et notre physicien
sourd pourrait même faire bien mieux : en étudiant les corps de Mozart et de
Beethoven avec assez de soin, il pourrait écrire des partitions qui n’ont
jamais été réellement écrites par Mozart ou Beethoven, mais qu’ils auraient
écrites si certaines circonstances de leur vie avaient été différentes
– s’ils avaient mangé, disons, de l’agneau au lieu de poulet et bu du
thé au lieu de café.Karl POPPER,
La Connaissance objective, 1972
Correction du commentaire de texte 2014 série L
Thèse de l’auteur Karl Popper, La Connaissance objective,
1972
Dans cet extrait, Karl Popper défend une idée :
« [Le déterminisme physique] est un cauchemar parce qu’il affirme que le
monde entier, avec tout ce qu’il contient, est un gigantesque automate »
C’est cette proposition que Popper s’attache à expliquer tout au long de
l’extrait, en en déroulant toutes les conséquences.
L’auteur Karl Popper et son oeuvre La Connaissance
objective
La Connaissance objective rassemble des textes écrits pour la
plupart entre 1965 et 1971. Karl Popper mène une réflexion épistémologique.
Epistémologie : Partie de la philosophie qui a pour objet
l’étude critique des postulats, conclusions et méthodes d’une science
particulière, considérée du point de vue de son évolution, afin d’en déterminer
l’origine logique, la valeur et la portée scientifique et philosophique
Il s’agit notamment pour Karl Popper de comprendre qu’est-ce qu’une science,
c’est-à-dire à partir de quel moment l’on peut dire d’une discipline qu’elle
est une vraie science ?
→ Voir les idées de Karl Popper sur la science
Mais dans cet extrait, il s’agit davantage de la question du
libre-arbitre. L’homme est-il une machine, toutes ses actions
le résultat d’engrenages physiques et chimiques, ou possède-t-il sa propre
liberté ? Popper traite de cauchemar cette première hypothèse, et prend la
défense de la seconde, du libre-arbitre de l’homme et de sa créativité.
Plan pour le commentaire de texte Karl Popper, La Connaissance
objective, 1972
Dans une première partie, la destruction de la
créativité.
→ Le déterminisme physique nie l’idée de création de la part de
l’individu, et réduit tous les mouvements, toutes les actions de l’individu à
une simple machine, un automate.
Dans une seconde partie, le déterminisme physique appliqué à Karl
Popper.
→ L’exemple de la conférence de Popper : si un scientifique connaissait parfaitement l’état physique de Popper, il aurait pu réécrire exactement la
même conférence.
Dans une troisième partie, l’exemple du déterminisme physique appliqué à la musique.
→ Poussé davantage, le principe du déterminisme physique établit que
toute personne, même sourde, en connaissant parfaitement l’état physique d’un
grand musicien tel que fut Mozart ou Beethoven, pourrait composer la même
musique que Mozart ou Beethover, voire même composer une musique qu’ils
auraient écrite dans d’autres circonstances.