La croissance économique, essentielle pour le développement des nations, n’est pas un processus linéaire et stable. Ce cours explore les mécanismes sous-jacents à l’instabilité de la croissance, en analysant les fluctuations économiques et les crises, ainsi que les facteurs expliquant ces variations. Il examinera en particulier les chocs d’offre et de demande, l’impact des activités monétaires et financières, et les conséquences macroéconomiques de ces fluctuations.
I. Fluctuations et crises
Les fluctuations économiques se caractérisent par des variations à court terme de l’activité économique, distinctes de la tendance de long terme. Ces fluctuations comprennent des phases d’expansion, où le taux de croissance est élevé, le chômage diminue et les prix augmentent. L’expansion se termine généralement par une crise, un moment où la conjoncture économique se retourne brusquement à la baisse, entraînant un fort ralentissement ou une chute de la croissance.
Cette crise peut évoluer en récession, qui est un ralentissement de la croissance économique. Si la récession se prolonge, elle peut conduire à une dépression, une période plus durable de déclin économique accompagné d’une augmentation continue du chômage. Pour contrer ces cycles économiques négatifs, des mesures budgétaires anticycliques, souvent impliquant une augmentation de la dette publique, sont mises en place. Ces politiques conjoncturelles incluent la politique monétaire, gérée par la Banque Centrale Européenne (BCE) à travers les taux directeurs, et la politique budgétaire, conduite par l’État à travers son budget ; parallèlement, des réformes structurelles peuvent être mises en œuvre pour changer la structure de l’économie en faveur des entreprises.
Les cycles économiques se réfèrent à des fluctuations régulières et récurrentes de l’activité économique. Un exemple bien connu est le cycle de Kondratiev, qui identifie des cycles longs de 50 à 60 ans, attribués aux vagues d’innovations technologiques. Ces cycles montrent comment les innovations peuvent stimuler des périodes d’expansion, suivies par des phases de déclin lorsque les capacités de production excèdent la demande.
C. Des exemples de crises économiques ?
L’histoire économique offre plusieurs exemples marquants de crises économiques. La crise de 1929 a été déclenchée par une abondance de liquidités menant à une hausse excessive des actions, attirant un afflux de capitaux. Cet excès a conduit à une surcapacité de production non rentable, provoquant un effondrement des cours boursiers (krach). La crise s’est ensuite propagée à l’économie réelle, entraînant des licenciements massifs et une hausse du chômage, ce qui a réduit la demande et provoqué une spirale déflationniste. Le New Deal, un ensemble de programmes économiques et sociaux, a été mis en place pour stimuler la demande et contrer la crise.
La crise des subprimes de 2008 a été causée par la titrisation des prêts hypothécaires, y compris de nombreux prêts à haut risque (subprimes). L’explosion des hypothèques a conduit à un excès de l’offre immobilière, provoquant un effondrement des prix de l’immobilier et de nombreuses faillites, déstabilisant ainsi l’économie mondiale.
II. Comment expliquer les fluctuations économiques ?
Les chocs d’offre sont des événements qui modifient les conditions de production et, par conséquent, les coûts de production. Un choc d’offre positif réduit les coûts de production, augmentant ainsi l’offre. En revanche, un choc d’offre négatif augmente les coûts de production, réduisant l’offre. Ces chocs peuvent résulter de changements technologiques, de variations des prix des matières premières ou de modifications réglementaires.
Les chocs de demande sont des événements qui affectent les composantes de la demande globale, c’est-à-dire la consommation, l’investissement, et les exportations. Un choc de demande positif entraîne une augmentation de la production et des prix, tandis qu’un choc de demande négatif provoque une baisse de la production. Ces chocs peuvent être causés par des changements dans la confiance des consommateurs, des variations des politiques fiscales ou monétaires, ou des fluctuations des marchés financiers.
Quant à la théorie du cycle du crédit, ou paradoxe de la tranquillité, explique comment les phases d’expansion et de récession sont amplifiées par le comportement procyclique des banques et des emprunteurs. En période d’expansion, la prudence initiale cède la place à l’optimisme, les entreprises et les ménages investissant davantage, stimulés par des conditions de crédit assouplies. Cette dynamique renforce la croissance économique. En revanche, en période de récession, la baisse de confiance entraîne une réduction des profits et de la consommation, augmentant le risque de défaut de paiement des prêts. Les banques resserrent alors les conditions de crédit, ce qui amplifie la récession. Les taux d’intérêt, qui rémunèrent le risque, augmentent lorsque le risque de non-remboursement est perçu comme élevé, exacerbant ainsi la contraction de l’activité économique.
III. Quelles peuvent être les conséquences de ces fluctuations ?
Les fluctuations économiques peuvent entraîner plusieurs conséquences notables :
- Inflation : Une hausse cumulative et auto-entretenue du niveau général des prix.
- Désinflation : Un ralentissement de la hausse des prix, où le taux d’inflation reste positif mais diminue.
- Déflation : Une baisse généralisée et durable des prix, où le taux d’inflation devient négatif.
La déflation peut engendrer une spirale déflationniste, initiée par un choc économique violent. Cela entraîne une baisse des taux d’intérêt réels et des crédits disponibles, les agents économiques anticipant une baisse continue des prix. Les entreprises réduisent leurs investissements et augmentent les licenciements, entraînant une baisse de la demande et de la production. Cette spirale peut conduire à une dépression économique et à une augmentation du chômage.