Comprendre le contrat social de Thomas Hobbes

Thomas Hobbes, né prématurément en raison de l’effroi causé à sa mère par l’annonce de l’approche de l’Invincible Armada, semble dès lors voué à la crainte, une peur qui imprègne toute son œuvre, notamment dans Leviathan, où il décrit une humanité intrinsèquement peureuse et condamnée par la nature à des conflits incessants. À l’âge de vingt-deux ans, en 1610, un voyage en France marque profondément Hobbes, particulièrement l’assassinat d’Henri IV, un événement qui influence sa pensée politique. En 1640, en raison de son engagement auprès des monarchistes, il s’exile en France pour onze ans, période durant laquelle il rédige deux ouvrages fondateurs de la philosophie politique moderne : De Cive (1642) et Leviathan (1651).

Hobbes imagine un état de nature où « l’homme est un loup pour l’homme », un concept préfigurant la théorie de Max Weber selon laquelle l’État est le seul détenteur de la violence légitime. La crainte de la mort violente explique le passage de l’état de nature à l’état civil, car l’État résulte d’un calcul rationnel où il est dans l’intérêt des citoyens de s’y soumettre. Hobbes, esprit universel, est à la fois poète, mathématicien, physicien et philosophe, son œuvre complète comprenant six volumes en latin et onze volumes en anglais. Avec Machiavel, Hobbes est l’un des premiers à proposer une théorie moderne de l’État, contribuant ainsi à notre conception contemporaine de la politique.

Hobbes décrit l’état de nature comme une guerre perpétuelle de tous contre tous, bien loin d’un paradis ou d’un âge d’or. Dans cet état primitif, il imagine un homme méchant et nocif, désireux de tuer son semblable par crainte de la mort violente. Cette vision pessimiste repose sur une réflexion anthropologique de la philosophie politique. Selon Hobbes, c’est la similitude et l’égalité naturelle des hommes qui les poussent à ces conflits incessants, car chacun a la capacité de tuer son prochain, rendant ainsi chacun vulnérable à la mort.

Cette égalité naturelle contraste avec la conception de Rousseau, et suggère que l’inégalité sociale, à l’inverse, est bénéfique. Dans l’état de nature, rien ne distingue un homme d’un autre : aucune culture, éducation, tradition ou religion. Les hommes sont des brutes semblables, ayant les mêmes besoins et désirs, que la nature ne peut satisfaire de manière adéquate. Hobbes postule une inadéquation entre ce que produit la nature et ce que réclament les hommes, préfigurant ainsi les théories de Malthus et Darwin sur la concurrence vitale et la survie des plus aptes.

Résumé du Livre 1 du Contrat social de Rousseau

Pour Hobbes, l’intérêt de chacun n’est pas de demeurer dans un état d’inquiétude et d’insécurité. Il imagine donc un accord passé entre les hommes pour mettre fin à cette sauvagerie, acte juridique fondateur de la société : le contrat social. Par ce contrat, les hommes abandonnent tout recours individuel à la violence et se soumettent à une haute autorité, celle du Souverain, qui détient désormais le droit exclusif d’user de la force. Cette autorité souveraine est une abstraction, une constitution juridico-administrative que l’on appelle l’État.

Le souverain, garant de la sécurité des citoyens, est au-dessus des lois qu’il impose et dont il assure l’application, selon une conception héritée du Moyen-âge. Le Prince introuvable de Machiavel est en réalité l’État, qui assure à la société la stabilité nécessaire et inscrit la vie commune des hommes dans la durée. La raison d’État trouve ainsi sa pleine justification dans la définition même de la souveraineté. La vie en société, artificielle et non naturelle, marque une prise de distance par rapport à une nature jugée mauvaise. Le droit, construction humaine, ouvre l’humanité à la civilisation et assure sa survie.

Hobbes rompt avec la tradition antique en abandonnant l’idée d’une communauté naturelle. Pour lui, la société naît d’un acte volontaire des hommes, véritable arrachement à la nature. La société est un artifice pour lutter contre la violence naturelle. Les hommes deviennent alors des alliés, des « socii », composant une « societas ». Cependant, ce pacte d’association ne peut tenir que s’il est également un pacte de soumission, garantissant ainsi l’ordre et la sécurité nécessaires à la vie en commun.

La pensée de Jean-Jacques Rousseau

La liberté

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