La France est profondément bouleversée par l’entrée dans la Seconde Guerre mondiale, sa défaite face aux Allemands, qui aboutit à l’Occupation et au régime de Vichy. Ce sont ces années mouvementées que nous vous proposons d’examiner, ainsi que toutes les tendances qui parcourent la France jusqu’à la Libération, en 1944.
(En illustration de cet article : « Travail, Famille, Patrie » était la devise adoptée sous la France de Vichy, ici mise en couleurs dans une affiche de propagande.)
Ce vaste cours d’histoire sur la France sous le régime de Vichy s’intéressera successivement aux points suivants :
- I. La défaite de la France
- II. De la IIIe République à l’État français
- III. La politique de Vichy
- IV. Les victimes et des gains de l’occupation
- V. La radicalisation de Vichy
- VI. La Résistance
- VII. La Libération de la France
I. La défaite de la France (cours complet sur le régime de Vichy)
La France déclare la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939. L’objectif est dissuasif, il s’agit d’éviter le conflit. Le gouvernement Daladier fait la déclaration suivante à l’Allemagne : « la France assumera ses obligations envers la Pologne »
cependant aucune opération n’est engagée.
La ligne Maginot est une fortification de béton, construite pour éviter les tranchées de la Première Guerre mondiale. Il n’y a pas de combat jusqu’en mai 1940, c’est la drôle de guerre. Cependant cette drôle de guerre démoralise l’opinion et démoralise aussi le front. Comme il n’y a pas de combat, il n’y a pas non plus d’union sacrée. On assiste à une montée du pacifisme en France. Ce mouvement pacifiste est surtout représenté par la CGT, certains syndicats, Paul Faure au PS, l’union nationale des combattants, les milieux convertis au fascisme, et en septembre 1939 le parti communiste.
Le 19 mars 1940, Daladier devient ministre de la guerre et Paul Reynaud le remplace en tant que préside du conseil. Cependant Paul Reynaud annonce sa démission dès le 9 mai 1940. Le lendemain, alors qu’il apprend l’attaque de l’Allemagne, il revient sur sa démission.
L’Allemagne attaque la Belgique et les Pays-Bas le 10 mai 1940. Les plans Dyle et Breda sont mis en œuvre pour les arrêter. Le 13 mai, une brèche est faite par la forêt des Ardennes. Sous le feu sous les bombes, 200 000 Anglais et 138 Français embarquent pour l’Angleterre. Le 4 juin la ville de Dunkerque est prise. La bataille de France est déjà perdue. Paris est occupé à son tour le 14 juin. Les Allemands peuvent prendre à revers la ligne Maginot se dirigeant vers l’Est. Dans les jours qui suivent, la Wehrmacht entre sans résistance dans les villes de Lyon Clermont Angoulême et Bordeaux. Un grand exode a lieu dans le désordre et la panique sous les aides des avions. Fin juin, ce sont pas moins de 6 millions de Français qui sont sur les routes.
Pour Pétain, c’est « l’esprit de jouissance » qui a causé la défaite de la France. Implicitement, Pétain accuse la gauche. En fait, c’est plutôt la stratégie de l’état-major qui a conduit à la défaite la France.
II. De la IIIe République à l’État français (cours complet sur le régime de Vichy)
Le 19 mai Reynaud remplace Gamelin par le général Weygand. Le 18 mai, il relève Édouard Daladier de ses fonctions. Le 16 juin 1940, Paul Reynaud démissionne et conseille au président Lebrun de le remplacer par Pétain. C’est Pétain qui demande aussitôt l’armistice à l’Allemagne. Le 17 juin 1940, dans un message radiodiffusé, Pétain déclare : « c’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat ».
Il est décidé de rester en métropole, plutôt que de déplacer le gouvernement en Afrique du Nord comme cela avait été suggéré. Le 22 juin, l’Allemagne fait savoir ces conditions pour l’armistice :
– une armée française réduite à 100 000 hommes
– que ceux qui ont déposé les armes soient prisonniers jusqu’à la paix
– la fabrication du matériel de guerre est interdite et le matériel qui existe déjà est livré à l’Allemagne
– les navires français sont désarmés
– le Nord et l’Ouest de la France sont occupés
– frais d’occupation
L’armistice est signé avec l’Allemagne le 22 juin et avec l’Italie le 24 juin. Alors que Pierre Laval Philippe Pétain s’installe à Vichy le 1er juillet. Dix jours plus tard, ils font voter l’article suivant :
«Article unique.
L’Assemblée nationale donne tout pouvoir au gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature du maréchal Pétain, à l’effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle constitution de l’État français. Cette constitution devra garantir les droits du Travail, de la Famille et de la Patrie.
Elle sera ratifiée par la Nation et appliquée par les Assemblées qu’elle aura créées. La présente loi constitutionnelle, délibérée et adoptée par l’Assemblée nationale, sera exécutée comme loi de l’État».—Fait à Vichy, le 10 juillet 1940
par le président de la République,
Albert Lebrun.
Le maréchal de France, président du conseil,
Philippe Pétain
Ce texte est accepté par 569 personnes, 80 personnes refusent, et 17 s’abstiennent. Les votants étaient en fait désemparés et encore sous le traumatisme. Certains ne prennent conscience de la portée de ce vote qu’après.
III. La politique de Vichy (cours complet sur le régime de Vichy)
Le 15 juillet 1940, Pétain révèle les quatre premiers actes constitutionnels : la république n’existe plus, elle est remplacée par « l’État français ». Le Sénat et la Chambre des députés sont ajournés sine die. Ils disparaitront en juillet 1940. Un culte s’établit autour du Maréchal, qui est très populaire. Son portrait est dans tous les foyers, et son gouvernement reçoit la reconnaissance des pays étrangers.
Le 24 janvier 1941 est obtenue la création du Conseil national, pour représenter le peuple, mais elle n’a dans les faits presque aucune efficacité. Le régime promeut les principes chrétiens, la famille, le travail, le corporatisme, le paternalisme, le centralisme autoritaire, et la puissance de l’administration.
Au début du régime, le gouvernement est surtout influencé par l’extrême droite, par les spiritualistes, par la gauche pacifiste et anticommuniste. Puis entre 1941 et 1942, ce sont les technocrates et amiraux qui exercent leur influence. Entre 1942 et 1943, ce sont plutôt les libéraux. Après 1943, le gouvernement devient plus autoritaire et extrémiste.
La vision d’une France comme terre d’accueil est rejetée. « La France aux Français ». En ce sens, des étrangers sont internés dans des camps de concentration, et des immigrés antinazis remis aux Allemands. Un vaste plan de dénaturalisations touche 15000 Français. Une politique antisémite mise en place.
En octobre 1941 et en juin 1941, deux statuts sur les Juifs sont créés, devançant les désirs allemands. Ces statuts sont mis en place pour deux raisons : l’antisémitisme de certains, qui sont soutenus par Pétain, et pour préserver la souveraineté française en prenant soi-même des mesures, plutôt que de recevoir les ordres des Allemands. Ces statuts s’inspirent des réglementations allemandes : les juifs sont exclus des fonctions d’influence comme la fonction publique, les arts, l’enseignement, etc. ; l’accès à l’université et aux professions libérales se fait désormais par un numerus clausus. En juillet 1941 il est décidé « l’aryanisation » des entreprises juifs. En 1942 une mention « juif » est ajoutée sur la carte d’identité. Pour mettre en œuvre ces mesures, un commissariat aux questions juives est créé en mars 1941.
Mais les étrangers et les juifs ne sont pas les seuls visés, le régime s’en prend aussi aux francs-maçons. Le 13 août 1940, la franc-maçonnerie dissolue. Les responsables de l’ordre ancien sont aussi visés : les instituteurs laïques, l’administration qui est épurée, les Conseils municipaux des grandes villes qui sont dissous, et les anciens dirigeants de la IIIe République, parmi lesquels Léon Blum, Jean Zay, Daladier, Pierre Mendès-France, Raynaud, Georges Mandel et Édouard Herriot.
La mise en pratique des principes du catholicisme. La majorité des catholiques soutient le régime, mais au final, les mesures ne sont pas tant que ça en faveur des catholiques.
Quant à la question du contrôle de l’éducation de la jeunesse, elle est relative puisqu’il existe une diversité d’organisations de jeunesse. Mais ces organisations doivent respecter les idées du régime. En juillet 1940 sont créés les Compagnons de France et les Chantiers de jeunesse.
Le gouvernement favorise aussi les familles nombreuses et les femmes au foyer : des avantages sont accordés à la future épouse qui n’aura pas de profession, des cartes de priorité sont mises en place pour les familles nombreuses, les chefs de famille ont le droit de faire des heures supplémentaires, et le divorce est rendu plus difficile.
Les grandes confédérations syndicales ouvrières et patronales sont dissolues à l’été 1940. Le gouvernement veut une organisation corporative : c’est-à-dire une organisation fondée sur la collaboration des classes et permettant la profession de se gérer seul. L’État veut se garder d’une action économique dans ce domaine. Mais la présence de l’occupant et les pénuries transforment ces organisations corporatives en un moyen de contrôle et de répartition aux mains de l’État, en particulier dans le domaine agricole. En octobre 1941 est adopté une charte du travail, mais sans portée pratique. La loi du 16 août 1940 établit des comités d’organisation, un par branche industrielle, ce qui permet une collaboration entre l’État, le grand patronat, et les technocrates.
Quant à l’État, Pétain travaille sur une constitution pendant toute l’Occupation. Il reste cependant à faire adopter tout ce programme par la population. C’est à cela que doit en partie servir la création de la Légion des combattants, qui rassemble toutes les associations des anciens combattants. Cette organisation, hétérogène par ses membres se montre parfois passive, mais parfois active, ce qui entraîne des conflits de compétences avec les autorités. Ces conflits provoquent son arrêt ce qui a deux conséquences : en décembre 1941 un groupe activiste se détache : le service d’ordre légionnaire, et seconde conséquence, la libération de l’administration, dont les effectifs passent de 600 000 fonctionnaires à environ 1 million de fonctionnaires.
La politique culturelle du gouvernement doit permettre d’introduire les principes du retour à la tradition française, que ce soit par les arts, par la radio, par le théâtre, par le sport ou par le cinéma.
De novembre 1940 à mars 1942, l’association Jeune France promeut une culture populaire décentralisée. L’État s’engage davantage dans le domaine culturel, mais cette propagande n’a que peu d’impact.
IV. Les victimes et dégâts de l’Occupation (cours complet sur le régime de Vichy)
Militaire
Vichy entend ignorer la présence allemande, mais celle-ci s’impose physiquement aux Français. Deux départements alsaciens et la Moselle ont été annexés en 1940 au Reich. La moitié de la France est occupée.
Les lois de Vichy s’appliquent comme en zone non occupée. Toutefois cette souveraineté est soumise au bon vouloir allemand. En zone sud la présence militaire allemande n’est pas visible et Vichy conserve les aspects extérieurs de sa souveraineté. La pression allemande s’exerce sur le gouvernement et non sur la population.
Économie
La France doit payer des indemnités :
– 400 millions par jour en 1940, pour entretenir 18 millions de soldats.
– 300 millions en 1941
– 500 millions en novembre 1942 à partir de l’invasion de la somme suite par l’Allemagne
– 700 millions en juin 1944 dès le débarquement.
Mais l’Allemagne récupère aussi les ressources de la France : l’or, les prises de guerre, les achats nous somment défaits par les Allemands en France, la cession forcée de participation d’entreprises françaises.
Au total, les sommes prélevées par l’occupant s’élèvent à environ 700 milliards. Vichy ne peut pas soutenir un tel effort, il a donc recours à l’inflation par l’utilisation de la planche à billets.
L’Allemagne pèse aussi sur la production : 12 à 17 % de productions agricoles françaises sont expédiés en Allemagne. Quant à la production industrielle, les industries du bâtiment de l’automobile, de la chaux et du ciment, travail à 75 % pour l’Allemagne ; les industries de la peinture et du caoutchouc travaillent à 60 % pour l’Allemagne ; et les industries du textile à 55 % pour l’Allemagne.
La main-d’œuvre est aussi réquisitionnée par l’Allemagne : à la fin de l’année 1941,1,6 millions de Français travaillent au service de l’Allemagne, ils sont 2,6 millions à l’été 1944.
La répression
La répression est le fait des Allemands, des collaborateurs, et des autorités de Vichy. 200 000 à 250 000 personnes ont été appréhendées : surtout les juifs, les communistes, les résistants. À partir de l’été 1941, plus de 300 000 otages demeurent exécutés.
Cette politique est menée en zone occupée par l’Allemagne avec l’aide de l’administration de Vichy, et en zone sud par le gouvernement de Pétain.
En mai 1941 a lieu une première grande rafle des juifs en zone nord. Les Allemands mettent en place la « solution finale » après 1942 : les 16 et 17 juillet, la rafle du Vel’ d’Hiv concerne 13 000 juifs.
En février 1943, le gouvernement de Vichy est encore à l’initiative d’une nouvelle rafle.
Au total, on compte près de 75 000 déportés « raciaux ».
Le quotidien des Français
À l’été 1940, toutes les denrées subissent un rationnement général : les aliments, les vêtements, les chaussures, le chauffage. En septembre 1940, les Français ont le droit à 350g par jour : et en avril 1941 à seulement 275g par jour de pain. Chaque Français reçoit des tickets de rationnement à échanger. Ceux-ci prennent en considération l’âge et l’activité professionnelle de chaque Français. La pénurie touche tous les produits, et notamment pour l’alimentaire. Elle est encore plus sévère en ville. Cela donne lieu au développement du marché noir, et à l’utilisation massive d’ersatz.
La population soutient le Maréchal, mais de manière passive et sentimentale : ils sont plus attachés à cette personne qu’à sa politique. Ils pensent en outre que le maréchal joue un double jeu vis-à-vis des Allemands.
Ce soutien s’amenuit avec le temps, mais davantage au détriment de l’entourage de Pétain, que de Pétain lui-même.
La résistance est diversement perçue : certains sont heureux, mais sans y prendre part, d’autres y sont réfractaires. Globalement, la population est entièrement hostile à la collaboration, réservée quant à la résistance intérieure, de plus en plus sensible à l’action de De Gaulle, mais ils fondent surtout leurs espoirs dans les alliés ; leur plus grande préoccupation reste les soucis du quotidien, comme les pénuries.
Cette population trouve un exutoire dans les activités culturelles : c’est l’âge d’or du cinéma, mais le théâtre, la radio, les musées, le sport restent de bons divertissements. La création culturelle demeure riche à cette époque.
V. La radicalisation de Vichy (cours complet sur le régime de Vichy)
Au printemps 1941, les premiers signes de désaffection touchent les Français. C’est à cette époque les premiers actes d’une guerre civile larvée, et les « V », signes de protestation, apparaissent en même temps que les tracts de mouvements de résistance. Cette situation conduit à une radicalisation de la politique de Pétain.
Le 12 août 1941, Pétain prononce un discours à Saint-Étienne où il fait le constat du « vent mauvais qui se lève sur plusieurs régions de France ».
Les partis politiques, ainsi que les indemnités des députés et des sénateurs qui ne siégeaient plus, sont supprimés. Les moyens de police sont renforcés, des « commissaires aux pouvoirs » sont nommés et une justice d’exception est mise en œuvre par les « sections spéciales ». Les ministres et les fonctionnaires doivent tous prêter serment de fidélité.
Les procès des hommes de la IIIe République ont lieu en février 1942. Ces procès de Riom sont rapidement considérés comme une mascarade : les hommes sont jugés sur des lois qui n’existaient pas, et certains sont même condamnés avant le procès. Devant les protestations, les Allemands incitent Vichy à mettre fin au procès en avril 1942. Le projet d’« ordre nouveau » est abandonné devant ce qui devient un État policier, où la pressée est muselée.
Le retour au pouvoir de Pierre Laval en avril 1942 marque une nouvelle montée de l’autoritarisme et la dominance du Reich, conduisant à la collaboration.
La collaboration
En matière économique, la collaboration consiste à participer à l’économie allemande en échange de profit. Le collaborationnisme, qui réunit les admirateurs du fascisme, ne dépasse pas 40 000 à 50 000 personnes : c’est moins de 1 % de la population.
La collaboration d’État a pour source la certitude de la victoire allemande et donc la nécessité de collaborer pour un traité de paix qui serait favorable à Vichy : il s’agit de préserver la souveraineté française et non d’être un auxiliaire de l’Allemagne, de défendre les intérêts français dans ce qui sera peut-être une future Europe allemande. Mais Hitler, s’il est prêt à feindre la collaboration, ne veut rien consentir à la France, et veut exploiter ce pays sans contrepartie.
Il est possible de distinguer plusieurs phases dans la collaboration d’État :
– le 22 octobre 1940, Laval rencontre à Montoire, Hitler et Ribbentrop, à qui il propose une collaboration. Il obtient une entrevue entre Hitler et Pétain, qui a lieu le 24 octobre, et qui a surtout pour effet d’accentuer la propagande. « J’entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration » explique Pétain aux Français. Pétain révoque Laval le 13 décembre 1940, agacé des initiatives qu’il prend sans le tenir au courant.
– En février 1941, l’amiral Darlan essaie de renouer des contacts interrompus. En mai, les Protocoles de Paris s’apparentent à une cobelligérance entre la France et l’Allemagne. Darlan ne saisit apparemment pas la portée de ce texte, mais les nationalistes comme le général Weygand si, et ces derniers veulent faire échouer les protocoles.
– Les Allemands imposent le retour de Laval en avril 1940. En juin Laval déclare : « je souhaite la victoire allemande, parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s’installerait partout. » La France augmente ses livraisons à l’Allemagne d’aliments et de production industrielle. Tandis que la vassalisation de la France à l’Allemagne s’intensifie, les juifs sont davantage persécutés.
– le débarquement allié prend place en Algérie et au Maroc les 7 et 8 novembre. Le ralliement de l’amiral Darlan aux alliés entraîne celui des colonies d’Afrique occidentale française. L’Allemagne réplique le 11 novembre, en envahissant la zone sud. Le gouvernement doit de plus en plus céder à la collaboration, notamment lors de la mise en place du Service de travail obligatoire, STO. Le Service d’ordre légionnaire devient la Milice française en janvier 1943, signe de sa fascisation. En 1944, un État milicien tente même de s’installer.
VI. La résistance (cours complet sur le régime de Vichy)
À l’origine, les Français qui refusent l’armistice de 1940 sont les premiers résistants. Le premier acte en ce sens est celui de De Gaulle le 18 juin 1940 : envoyé auprès de Churchill par Raynaud pour examiner les moyens de poursuivre la guerre, le général De Gaulle lance un appel à la BBC. Alors que les ralliements espérés ne se produisent pas, Churchill accepte de reconnaître De Gaulle comme « chef des Français libres ». Mais De Gaulle est inconnu et sans moyens, il apparaît comme une marionnette entre les mains anglaises. En septembre 1941, la « France libre » se dote d’un embryon de gouvernement, le Comité national français. Du ralliement de petits contingents coloniaux naît une armée : « les Forces Françaises Libres ». Toutefois, il n’y a toujours aucun contact avec la résistance intérieure.
En France, les actes isolés de résistance commencent à partir de l’été 1940 : des tracts, des graffitis, et les premiers mouvements de résistance, comme le Réseau du Musée de l’homme, démantelé par l’Allemagne début de l’année 1941.
En zone sud, il existe plusieurs grands mouvements de résistance
- Combat, dirigée par Henri Frenay, qui réunit les démocrates-chrétiens.
- Libération, dirigée par Emmanuel d’Astier de La Vigerie, qui réunit les milieux syndicalistes et socialisants.
- Franc-Tireur, dirigée par Jean-Pierre Lévy, qui réunit des républicains, souvent des francs-maçons
- Front National, à partir de mai 1941, qui réunit le parti communiste et des clandestins
En zone nord, il est beaucoup plus difficile d’organiser des mouvements de résistance, mais quelques grands mouvements se dégagent aussi :
- Front National, comme en zone sud
- Libération – Nord, qui réunit des hommes de gauche
- Organisations civile et militaire, qui réunit quant à lui des hommes plutôt de droite
- Ceux de la Résistance Libération, qui comprend beaucoup d’anciens membres du PSF du colonel de La Rocque.
- Défense de la France, qui réunit des jeunes gens, souvent chrétiens
Il existe bien sûr d’autres mouvements de résistance, parfois localisés dans certaines villes.
L’unification des mouvements de Résistance
Le parti communiste entre dans la résistance après l’attaque de l’Allemagne contre l’URSS en juin 1941. Il propose de passer de la propagande, et du renseignement, à une lutte armée, inspiré de la guérilla, avec des actions rapides.
Les mouvements de résistance se dotent alors de petits groupes d’interventions militaires.
Dans les années 1941 et 1942, une tentative est faite pour lier la France libre avec ces mouvements de résistance. Les dirigeants des mouvements rencontrent De Gaulle, qui est considéré comme trop extrême droite, tandis que De Gaulle envoie quant à lui Jean Moulin.
Jean Moulin, ancien préfet, obtient la fusion des trois grands mouvements de la zone sud en un Mouvement uni de la Résistance. Il obtient également plus tard la fusion des corps en mouvement de la zone nord.
Ces mouvements reconnaissent De Gaulle, et les groupes paramilitaires sionistes dans l’Armée secrète. En juillet 1942, « la France combattante » devient « la France libre »
Pour les alliés, surtout Roosevelt, De Gaulle n’est qu’un apprenti dictateur. Des conflits naissent entre De Gaulle et les alliés, qui se portent par conséquent une méfiance mutuelle.
De Gaulle décide de s’appuyer sur la résistance.
Jean Moulin crée en mai 1943 le Comité National de la Résistance, qui reconnaît De Gaulle comme chef de la résistance. Jean Moulin meurt torturé peu après par la Gestapo.
Le 30 mai 1943, De Gaulle part à Alger où se met en place le 3 juin le CFLN, Comité français de libération nationale. C’est ce CFA qui prend en juin 1944 avant le débarquement le nom de « Gouvernement provisoire de la République Française », et qui constitue dès le printemps 1944 un contre-pouvoir étatique, par opposition à Vichy.
VII. La libération de la France (cours complet sur le régime de Vichy)
Les armées alliées remportent une victoire rapide. Le 6 juin 1944 a lieu le débarquement en Normandie, qui est contenu par les Allemands.
Cependant le 25 juillet, la percée d’Avranches pousse le front allemand, et le refoule vers le nord.
Le 15 août, le débarquement en Provence est quant à lui encore plus efficace.
En novembre 1944, les Allemands ne contrôlent plus que quelques poches en France. Les résistants ont contribué à la victoire, mais ont aussi subi des pertes : notamment, le massacre des résistants du Vercors en juillet 1944.
Du 19 août au 25 août, Paris est le théâtre d’une insurrection générale. De Gaulle obtient des Américains et envoie à Paris la deuxième division blindée du Général Leclerc, qui rentre dans Paris le 25 août. Le soir même, il reçoit la reddition des Allemands. Le lendemain, De Gaulle descend des Champs-Élysées après avoir allumé la flamme.
La question est alors de savoir qui occupera la place laissée vacante pour gouverner la France.
Trois groupes tournent autour du pouvoir à la Libération :
– De Gaulle, qui le 14 juin va à Bayeux, la première ville française libérée, pour y révoquer le sous-préfet mis en place par les Américains, et mettre un dirigeant local de la résistance.
– Les Américains, dont le président Roosevelt se méfie de De Gaulle. Les Américains préféreraient le projet d’une administration militaire pour les territoires occupés. Ils envisagent l’élaboration d’une nouvelle monnaie.
– Les fonctionnaires de Vichy, mais qui par crainte des sanctions se retirent rapidement.
En août 1944, Pierre Laval redoute que De Gaulle soit au pouvoir, et redoute la résistance, qui est pour lui communiste. Il fait ramener stratégiquement les présidents de la Chambre et du Sénat, mais sa tentative échoue.
Il s’agit alors de savoir comment va réagir le CNR. De Gaulle, espérant renforcer sa légitimité, multiplie les signes symboliques pour montrer la continuité de l’État en son nom. C’est aussi pour cela qu’il se méfiait de l’insurrection qui a eu lieu à Paris, et qu’il se hâte d’intervenir à Paris avec la division Leclerc. En ce sens, alors que les dirigeants du CNR l’attendaient à l’hôtel de ville, De Gaulle se rend plutôt rue Saint-Dominique, au ministère de la guerre, son ancien ministère. Il commente cette décision dans ses mémoires : « l’État rentrait chez lui ».
A l’hôtel de ville, il refuse de proclamer la république, pour signifier que la république n’a jamais cessé d’être. Il parle comme un véritable chef d’État parlerait à des subordonnés. Le CNR ne fait pas obstacle au retour de De Gaulle. La consécration populaire que reçoit le général De Gaulle le 26 août 1944 montre le soutien de la population. En septembre 1944, les Américains reconnaissent le GPRF comme le gouvernement légal de la France.
Mais si le pouvoir est établi à Paris, il est plus difficile de gérer la situation ailleurs. Les locaux de la résistance imposent leur autorité dans les régions, refusant de s’incliner devant les préfets et commissaires du GPRF. Les « colonels de la résistance » veulent châtier les traîtres : cette politique conduite à la tonte de femmes trop liées à l’occupant, à l’emprisonnement des hommes, et parfois à des exécutions. Le parti communiste laisse De Gaulle établir son autorité.
Entre août et décembre 1944, De Gaulle essaie de faire triompher son autorité. Il négocie avec les États-Unis une aide d’urgence, et voyage dans les différentes régions de France. Les FFI ici et les FTP sont intégrées dans une armée régulière. En octobre 1944, il décide de la dissolution des Milices patriotiques. Des Cours spéciales de justice sont créées. Une Haute Cour de justice est mise en place pour les grandes figures de la Seconde Guerre mondiale : Pétain est condamné à mort, mais sa peine est commuée plus tard en emprisonnement à vie ; Laval veut s’empoisonner, mais il est fusillé ; Joseph Darnand, chef de la milice, est condamné à mort.
En tout, ce sont 2853 condamnations à mort qui sont prononcées, dont 767 sont exécutées, et 38 000 peines de prison. Les Chambres civiques privent 48 personnes de droit civil et politique pour indignité nationale.
→ Pour comprendre l’histoire de la France après le régime de Vichy, reportez-vous à nos : 20 fiches d’Histoire contemporaine (1945 – 2017).
ces bien mais un peu trop long
Ce cours me fait penser à la chanson Maréchal Nous voilà!