Horace : l’argent fait-il le bonheur ? Une question actuelle

Horace


Horace (-65 à -8. av. J-C), poète romain, ami de Virgile, il compose le Chant séculaire et écrit beaucoup de satires, lettres, et autres ouvrages.
Dans cet extrait, Horace dénonce le comportement de l’homme qui accumule richesse après richesse, et ne s’en sert jamais. Au contraire de la fourmi, qui travaille et utilise ensuite ces richesses, l’homme que décrit Horace garde précieusement son trésor sans y toucher. Quel intérêt alors à conserver un tel trésor, puisque l’on ne peut y toucher ? Peu importe la grandeur des richesses accumulées, elles ne te seront pas plus profitables qu’à moi, ajoute Horace.

Texte original de Horace : L’argent fait-il le bonheur ?


L’argent fait-il le bonheur ? – Horace

Ce cultivateur qui retourne la terre lourde avec sa dure charrue, cet aubergiste trompeur, les soldats et les marins, qui audacieux parcourent la mer entière, prétendent qu’ils supportent le labeur grâce à la pensée de se retirer une fois vieux dans des loisirs sûrs après avoir amassé de quoi vivre ; c’est ainsi que la minuscule fourmi capable d’un grand labeur (en effet, elle est à prendre en exemple) tire avec sa bouche tout ce qu’elle peut et l’ajoute au tas qu’elle construit, ne manquant ni d’expérience ni de prudence quant à l’avenir.
Or celle-ci dès que le verseau assombrit le retour de l’année ne rampe plus nulle part et profite avec sagesse de ce qu’elle a acquis auparavant, alors que toi, ni la brûlante châleur, ni l’hiver, ni le feu, ni la mer, ni le fer ne te détourne du profit, rien ne te fait obstacle, pourvu qu’il n’y ait pas un autre homme plus riche que toi.
À quoi sert-il qu’après avoir creusé la terre tu y enfouisses une énorme quantité d’argent et d’or en cachette avec crainte ?
« C’est que si l’on y touchait, il serait réduit à un tas de peu de valeur. »
Mais si cela ne se produit pas, quel charme a le tas que tu as constitué ? Ton aire aura beau avoir broyé cent mille boisseaux, ton ventre n’en absorbera pas pour autant plus que le mien.

Actualiser la pensée de Horace


La société a donné un mot à ce comportement : thésauriser. Thésauriser, c’est amasser, accumuler de l’argent sans le dépenser ou l’investir.
C’est grâce à ce trésor que les banques peuvent se permettre d’accorder des crédits, et même de rémunérer ceux qui thésaurisent. Ainsi, épargner de l’argent sur un compte, comme pour un livret A, permet d’amasser en contrepartie des intérêts. Quel avantage y trouvent les banques ? Cet argent mis au repos intéresse, car il apporte des fonds. A la lumière de l’enseignement d’Horace, il serait bon de s’interroger sur la multiplication de ces livrets, sur l’avidité de chacun à garder de l’argent par amour de cet argent, sans jamais l’utiliser.
En particulier, lorsqu’il s’agit de ne rechercher seulement qu’à être plus riche que l’autre : « pourvu qu’il n’y ait pas un autre homme plus riche que toi« . Derrière la volonté d’acquérir sans cesse prime de salaire sur prime de salaire, ne se cacherait-il pas parfois le désir d’être seulement mieux rémunéré que l’autre ? Sans même parfois savoir quel emploi faire de cet argent.

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