Résumé du Chapitre I – Qu’est-ce que la propriété ? – Proudhon, 1840

Objectif de l’ouvrage Qu’est-ce que la propriété ?

Proudhon dès le début de Qu’est-ce que la propriété, publié en 1840, part de la thèse qu’il entend démontrer : la propriété c’est le vol.

« j’entreprends de discuter le principe même de notre gouvernement et de nos institutions, la propriété ; je suis dans mon droit »

Annonçant déjà deux grandes parties de son ouvrage, Proudhon écrit : « je prétends que ni le travail, ni l’occupation, ni la loi, ne peuvent créer la propriété »

Proudhon a conscience des « murmures » qu’il soulève, des réactions qu’il suscite, lorsqu’il annonce : « la propriété, c’est le vol ! »

L’étude des croyances et des représentations


Proudhon a écrit Qu’est-ce que la propriété ? en 1840

Pierre-Joseph Proudhon dans ce premier chapitre analyse comment les représentations qu’avaient les hommes pouvaient affecter leurs connaissances. Il prend l’exemple d’Augustin d’Hippone, dont l’ignorance des lois de la gravitation, lui faisait penser que la terre était plate ou que les étoiles étaient comme accrochées.

Il critique avant cela également les théories qu’ont élaborées des penseurs comme Aristote, et plus encore Kant, notamment concernant les catégories.

Pour Pierre-Joseph Proudhon, « les jugements les plus faux, quand ils ont pour base des faits isolés ou seulement des apparences, embrassent toujours une nombre d’inductions, au-delà desquelles nous tombons dans l’absurde ».

C’est en fait le même processus qui est à l’œuvre dans le passage au monde moral. Pourtant, en ce qui concerne la morale, nous y ajoutons une forme d’obstination. Lorsque nous en arrivons à une connaissance plus générale, un conflit secret entre ses anciennes connaissances et les nouvelles connaissances. Comme on ne veut pas remettre en cause le temps où ces connaissances ne permettaient d’être heureux, on s’en prend aux divinités, aux forces de la nature.

« Au lieu de chercher la cause du mal dans sa raison et dans son cœur, l’homme s’en prend à ses maîtres, à ses rivaux, à ses voisins, humaines »

Tous les hommes croient en Dieu, c’est une idée primitive pour l’humanité. Mais qu’est-ce que Dieu ? D’abord, Dieu fut représenté comme un homme, c’est l’anthropomorphisme. Mais Dieu fut aussi traité par l’homme comme un patrimoine. « Avec la liberté des cultes et la séparation du spirituel et du temporel, l’influence des idées religieuses sur la marche de la société est purement négative, aucune loi, aucune institution politique et civile ne relevant de la religion. » Par conséquent, la cause de l’inégalité des conditions, la cause de la souffrance universelle, ne peut pas être la religion, mais la cause vient avant.

L’étude de la volonté de conscience et de la justice

Il faut donc se demander ce qu’il y avait avant la religion. Or, avant la religion, il y avait l’homme lui-même : « c’est-à-dire la volonté la conscience, le libre arbitre et la loi, opposés dans un antagonisme perpétuel. »

Pierre-Joseph Proudhon tente de trouver pourquoi l’homme se trompe originellement, selon la Bible : pour lui, il faut dire : « l’homme se trompe parce qu’il apprend. »

Qu’est-ce que la justice ? La sagesse humaine enseigne : « fais aux autres ce que tu veux qu’on te fasse ; ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qui te sois fait. » Mais pour Proudhon, il faut préciser. Selon lui, la justice bien avant la loi : « la justice n’est point l’œuvre de la loi ; au contraire, la loi n’est jamais qu’une déclaration est une application du juste »

Proudhon insiste sur le fait que la législation a évolué selon les siècles. Il raconte comment il y a 1800 ans, à Rome, « l’humanité se mourait dans le sang et la luxure ». puis il parle de Jésus sans jamais citer son nom, écrivant : un homme parut, se disant parole de Dieu : on ne sait pas encore aujourd’hui ce qui n’était ni d’où il venait, ni qui avait pu lui suggérer ses idées. » Jésus aurait produit la thèse suivante : « le maître et l’esclave sont égaux, que l’usure et tout ce qui lui ressemble est un vol »

Mais pour Proudhon, cette nouvelle religion ne fait que produire une certaine mythologie, et engendré des discordes. Proudhon regrette que l’on se soit concentré sur des détails de doctrine, et que l’interprétation qu’on en est faite est éloigné l’Évangile de sa vraie signification.

L’émancipation du peuple contre la monarchie en France

En 1789, en France, trois formes d’oppression sont combattues :

– l’absolutisme royal

– la tyrannie des seigneurs et des parlements

– l’intolérance sacerdotale

Proudhon raconte après comment le tiers État est passé de rien, selon les mots de Sieyès, à tout. Mais le nouvel ordre de choses, né de la haine et de la colère, ne pouvait être qu’irréfléchi.

Proudhon fait une distinction entre la révolution et le progrès : la révolution a lieu quand les idées changent totalement, complètement, alors qu’il y a progrès quand il y a seulement une extension des idées, une modification des idées qui existaient déjà.

« Le peuple, si longtemps victime de l’égoïsme monarchique, crissant délivrer à jamais en déclarant que lui seul était souverain. Mais qu’était-ce que la monarchie ? La souveraineté d’un homme. Qu’est-ce que la démocratie ? La souveraineté du peuple, ou, pour mieux dire, de la majorité nationale. Mais c’est toujours la souveraineté de l’homme mis à la place de la soudaineté de la loi, la souveraineté de la volonté mise à la place de la souveraineté de la raison, en un mot, les passions à la place du droit. »

L’élaboration de trois concepts par les hommes

Proudhon revient sur l’époque de la Convention, puis du Directoire, puis du consul, et de l’empire. Trois notions sont étudiées :

1. La souveraineté dans la volonté de l’homme

La souveraineté était considérée comme le pouvoir de faire des lois. La loi, elle, était considéré comme l’expression de la volonté du souverain. Donc on arrive à la conclusion qu’il n’y a pas de différence entre la monarchie et la république, puisque dans une monarchie « la loi l’expression de la volonté du roi » et que dans la république la loi est « expression de la volonté du peuple » : ce qui revient pour Proudhon à la même chose, si ce n’est le nombre des volontés.

2. Inégalité des fortunes et des rangs

Proudhon revient sur le concept d’égalité : il montre que ce qui est entendu par égalité, c’est l’égalité politique et civile. Toutefois, les constitutions de 1790 et 2793 n’ont pas réussi à définir l’égalité devant la loi.

3. Propriété

Proudhon examine ensuite le concept de propriété, que le peuple a consacré, mais que le peuple n’a pas compris. « le peuple voulu que la condition de propriétaire fut la même pour tous ; que chacun put jouir et disposer librement de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de son industrie. »

Comment faire correspondre ces trois concepts à la justice

il faut alors savoir comment ces concepts peuvent répondre à la définition de justice.

1. La question est : « l’autorité de l’homme sur l’homme est-elle juste ? » Tout le monde répond non à cette question.

2. « inégalité politique et civile est-elle juste ? » Les uns répondent : oui, les autres : non. À ceux qui pensent que l’inégalité politique et civile et juste, Proudhon rappelle que lorsque le peuple a mis fin aux privilèges de naissance et de caste, cela leur parut bon parce qu’ils en tiraient du profit. À ceux qui pensent que l’inégalité politique et civile n’est pas juste, Proudhon leur demande : « si vous voulez jouer de l’égalité politique, abolissait la propriété, sinon de quoi vous plaignez-vous ? »

3. « La propriété est-elle juste ? » Tout le monde répond que la propriété est juste.

Pour Proudhon, tous les raisonnements que l’on a imaginés pour défendre la propriété, utilise toujours le principe d’égalité, hors l’égalité c’est la négation de la propriété. En ce sens, le droit d’occupation empêche la propriété, tandis que le droit du travail détruit la propriété.

Il s’agit alors de montrer pourquoi est-ce que la prétendue égalité dont se sert la propriété n’existe pas. La propriété peut se manifester en tant que que accident, mais la propriété est impossible mathématiquement, en logique, en tant qu’elle est une institution est en principe.

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