Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?

Définition des termes du sujet : Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?

Étymologie : Du bas latin circare, « faire le tour, parcourir pour examiner », et, en latin médiéval, « fouiller, scruter ».

Chercher : s’appliquer avec persévérance à obtenir un certain résultat ; tâcher,
s’efforcer de. (Dictionnaire de l’Académie française)

Connaître : 1. Avoir ou se faire une idée précise, approfondie de quelque chose. 2. Savoir ; avoir des connaissances innées ou que paraissent telles. Avoir des connaissances acquises par l’étude, par la pratique et l’usage. (Dictionnaire de l’Académie française)

Soi-même : « Principe de la conscience individuelle, objet de celle-ci, mais sujet actif »

Problématique : Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?

Il faut se demander : pourquoi le correcteur pose ce sujet ?

Le sujet soulève en fait la question : quel est l’intérêt de s’interroge soi-même, de se découvrir soi-même ? Pourquoi se découvrir soi-même, se comprendre, plutôt que de découvrir l’extérieur ? L’intime, le soi-même est-i vraiment un mystère pour l’être humain, et n’est-il pas plus utile de comprendre notre environnement, ce qui n’est pas nous-mêmes ? Sinon, la connaissance de soi-même ne permet-elle pas au contraire de mieux comprendre l’environnement ?

Développement : Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?

Le sujet fait référence à une inscription sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes que commente Socrate (470-399 av.
JC). En grec, Gnothi seauton. Dans ce contexte, « Connais-toi toi-même »
rappelait les hommes à l’humilité devant les dieux. Il s’agissait de se souvenir que l’homme était fait de passions, de défauts, d’opinions, et qu’il restait faible en comparaison des dieux.

Hegel considère le « Connais-toi toi-même » comme un tournant dans l’histoire de l’Esprit. C’est le passage de « l’esprit universel unique » à un «
esprit singulier à l’individualité qui se dessine ».

Saint Augustin explore déjà l’importance du moi-même. L’homme doit partir à
la découverte de son moi, doit se connaître, et c’est ainsi qu’il y découvre Dieu, avec son aide. « puisqu’il n’y a point d’homme au monde qui connaissent ce qui se passe dans l’homme, que l’esprit de l’homme qui est en lui ».
Dieu est inséparable de cette recherche de la connaissance de soi : « me voilà devenu pour moi-même, sous vos yeux, un problème ».

Montaigne a fait de la connaissance de soi-même un objectif :

« Je veux qu’on m’y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention ni artifice : car c’est moi que je peins. Me défaut s’y liront au vif, et ma forme naïve, autant que la révérence publique me l’a permis. (…) Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre » Essais, « Au lecteur »

Montaigne pose cruellement la question posée par ce sujet du bac 2014 :

« Ai-je perdu mon temps de m’être rendu compte de moi si continuellement,
si curieusement ? » Essais, Livre II, chapitre XVII

Pascal est particulièrement virulent à cet égard, dans une de se pensées :

« Parler de ceux qui ont traité de la connaissance de soi‑même, des divisions de Charron, qui attristent e ennuient. De la confusion de Montaigne, qu’il avait bien sent le défaut d’une droite méthode. Qu’il l’évitait en sautant de sujet en sujet, qu’il cherchait le bon air.

Le sot projet qu’il a de se peindre et cela non pas en passant et contre ses maximes, comme il arrive à tout le monde de faillir,
mais par ses propres maximes et par un dessein premier et principal. Car de dire des sottises par hasard et par faiblesse c’est un mal ordinaire,
mais d’en dire par dessein c’est ce qui n’est Pa supportable et d’en dire de telles que celles‑ci »

La psychanalyse pose un nouveau regard sur la recherche de la connaissance de soi :

« Alors que les rapports existant entre la perception extérieure et le moi sont patents et évidents, ceux qui rattachent la perception interne au Moi exigent un examen spécial. À leur sujet, on est tenté de se demander si on est vraiment en droit de rattacher toute la conscience au seul système de superficie « perception-conscience ». » Sigmund Freud dans Le moi et le Ça (1923).
C’est sur de nouvelles bases qu’il faut chercher la connaissance de soi-même, car la connaissance de soi n’a plus pour objet un sujet unifié e conscient, mais un sujet plus complexe.

Aristote – Pas de connaissance scientifique par la perception

→ Le « Je » : analyse philosophique

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